L'équipementier européen Alcatel-Lucent ne va pas très fort mais ce n'est pas nouveau. Entre une fusion entre Alcatel et Lucent qui a du mal à exprimer les syngergies promises et une pression de concurrence des équipementiers chinois qui n'est pas près de s'atténuer ou même d'être freinée, le groupe va de restructurations en restructurations.

Aussi, quand il a annoncé l'octroi d'une ligne de crédit de 1,6 milliard d'euros concédée par Crédit Suisse et Goldman Sachs, le cours d'Alcatel-Lucent s'est envolé sur ce signe d'une certaine confiance maintenue dans les perspectives de la société.

Oui mais voilà, cette confiance n'est peut-être que de façade et un moyen détourné de mettre la main éventuellement sur une précieuse ressource de l'équipementier : ses brevets. La propriété intellectuelle des entreprises fait l'objet de toutes les attentions et est devenue une véritable rente pour certaines sociétés.

La récupération de royalties est devenue une activité à part entière et constitue une portion significative des revenus de certains grands groupes dont plusieurs ont pris des mesures pour amplifier les retours lucratifs permis par cette ressource depuis quelques années et n'hésitent plus à porter plainte régulièrement pour forcer les négociations sur des droits de licence.

Alcatel-Lucent logo  D'autres sociétés, comme Alcatel-Lucent, possèdent un vaste portefeuille de brevets ( pas loin de 30 000 ) mais l'exploitent encore assez peu de cette manière. Il est tout de même valorisé à 5 milliards d'euros, selon le journal Les Echos, et représente une valeur que d'autres seraient prêts à acquérir et à faire fructifier.

Le gouvernement français s'inquiéterait donc que, derrière l'apparente bonne nouvelle de la ligne de crédit, se cache un dispositif qui permettrait aux banques d'affaires de récupérer facilement cette précieuse propriété intellectuelle et à vil prix si Alcatel-Lucent ne parvenait pas à répondre aux critères du prêt.

Fleur Pellerin, ministre déléguée au développement de l'Economie numérique, ferait donc plancher le ministère de l'industrie sur des scénarios permettant de sancturariser la propriété intellectuelle d'Alcatel-Lucent, soit en lui permettant de céder des activités non stratégiques pour se refinancer et être moins dépendant du prêt accordé, soit en créant un consortium chargé de valoriser ses brevets, quitte à faire entrer des acteurs tiers, tout en garantissant la propriété et l'accès à cette propriété intellectuelle.

La Caisse des Dépôts, qui détient une participation dans Alcatel-Lucent, pourrait être un pivot dans cette opération de préservation de la richesse de l'équipementier télécom.

Source : Reuters