Tandis que Fleur Pellerin, ministre déléguée au développement de l'Economie numérique, constate que l'arrivée de Free Mobile a permis certaines avancées, au risque de ne pas aller dans le sens des dernières déclarations d'Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, c'est Bruno Lasserre, président de l'Autorité de la concurrence, qui apporte une vision moins catastrophiste que le discours répété sur la perte de valeur du marché télécom et les suppressions d'emplois.

Interrogé par le Figaro, il estime que l'année écoulée a été " exceptionnelle " pour les télécoms et se félicite de l'arrivée d'un quatrième opérateur mobile, initiative soutenue depuis l'affaire dite du Yalta des mobiles qui a sanctionné lourdement une entente entre les trois acteurs du marché dans les années 2000.

Il met en garde contre une focalisation sur les effets à court terme, qui se jouent aussi dans un contexte économique défavorable plus général, et estime que l'impact de l'arrivée du quatrième opérateur ne pourra vraiment s'apprécier que d'ici une bonne décennie.

Il y voit cependant déjà des effets positifs évidents sur le pouvoir d'achat, tant pour les particuliers que pour les entreprises, et sur l'innovation. Et quant à la question d'une éventuelle fusion d'opérateurs, du type SFR-Free ou SFR-Bouygues Telecom, Bruno Lasserre indique que " le retour à trois opérateurs n'est pas souhaitable ", ce qui n'est pas vraiment étonnant, après tous les efforts menés pour en faire émerger un quatrième.

Le président de l'Autorité de la concurrence mise plutôt sur les efforts de mutualisation des infrastructures pour réduire les coûts et gagner en efficacité et en amélioration de la couverture sur les zones les moins denses. Une structure nationale capable de superviser ce type de rapprochement pourrait constituer une solution plutôt qu'une consolidation réduisant le nombre d'acteurs sur le marché, ce qui n'est pas sans rappeler la supposition d'un réseau paneuropéen évoquée par le Financial Times la semaine dernière, en la ramenant à une échelle plus réduite.

Source : Le Figaro