Avec la multiplication des capteurs à bord des véhicules, il devient possible d'extraire des informations et de les afficher directement sur le pare-brise via un affichage tête haute. Ces technologies issues de l'aviation finissent par s'installer dans les voitures et peuvent compléter l'aide à la conduite par des informations annexes, avec l'avantage pour le conducteur de ne pas nécessiter de quitter la route des yeux. On pourrait citer également les lunettes connectées de type Google Glass avec leur affichage déporté dans un coin du champ visuel.

Mais cet atout le reste-t-il quand les informations affichées se multiplient ? Le professeur Ian Spence, du département Psychologie de l'Université de Toronto, s'est intéressé aux conséquences de la gestion de deux sources d'information distincte dans le champ visuel d'un conducteur.

Avec deux étudiants, il a mis au point des tests pour analyser l'effet d'une information visuelle apparaissant soudainement (comme un avertissement de survitesse ou de risque de collision, par exemple) et ajoutée à la conduite elle-même.

affichage tête haute Les tests, publiés dans la revue PLOS ONE, ont fait appel à des points lumineux apparaissant à divers endroits dans le champ visuel (simulant l'attention nécessaire à la conduite d'un véhicule, comme des événements dans un trafic routier) mais aussi à des formes (carré, triangle, etc) censés correspondre à des messages spécifiques comme les émettrait un affichage HUD. Il a été demandé aux participants de décompter les points lumineux et de signaler l'apparition de ces formes dans un flot de signaux.

Sans surprise, la précision du nombre et des formes des éléments apparus diminue avec l'augmentation du nombre de stimuli dans le champ visuel, avec une perte d'identification de leur signification.

Autrement dit, trop de signaux finissent par perturber le conducteur de façon plus manifeste que s'il n'avait aucun signal dans son champ de vision, tout simplement parce qu'identifier les signaux visuels demande de l'attention et un léger temps d'analyse pour décoder l'information qui peuvent aboutir à un temps de réaction ralenti par rapport à un conducteur dont le champ visuel et l'esprit ne sont pas embouteillés par de multiples signaux.

Le professeur de psychologie observe ainsi que le temps de réaction des participants est réduit de 200% dans les tests lorsqu'une forme apparaît au sein des points lumineux qu'ils sont censés décompter : "les deux tâches visuelles ont interféré l'une avec l'autre et affaibli à la fois le temps de réaction et la précision".

Et de conclure :"les avertissements ignorés et les temps de réactions allongés représentent de réels dangers pour la sécurité". Les constructeurs automobiles et concepteurs de systèmes de bord ont donc du pain sur la planche pour imaginer les dispositifs du futur qui sauront avertir sans perturber. A moins que d'ici là, les voitures autonomes aient envahi les routes...