L'acquisition du britannique ARM, détenu par le japonais Softbank, par le nord-américain Nvidia va permettre de créer un géant de l'intelligence artificielle et des puces ARM mais ce rapprochement n'est pas sans poser des questions pour une bonne partie de l'industrie électronique.

ARM est au coeur des puces de milliards d'appareils mobiles et dans les contrôleurs d'innombrables objets connectés ou non tout en commençant à s'inviter dans les ordinateurs et les serveurs, où l'excellent ratio performances / consommation d'énergie peut être mis à profit dans certains scénarios d'usage.

De ce fait, l'architecture ARM et sa propriété intellectuelle sont exploitées par un très grand nombre d'entreprises soit directement soit en personnalisant les composants à partir de l'IP standard.

Nvidia ARM

Si Softbank, en n'étant pas directement concepteur de puces, avait gardé une attitude neutre vis à vis à de la stratégie de ARM et n'avait pas créé de remue-ménage dans le secteur, la crainte est qu'il n'en soit pas de même avec Nvidia, concepteur de puces et qui se retrouverait pour une partie de l'industrie à la fois fournisseur et concurrent, sans compter le risque que le gouvernement US ne vienne imposer ses vues aux entreprises étrangères.

Si Nvidia promet de conserver la neutralité et l'accès à la propriété intellectuelle de ARM, les regards commencent à se tourner vers des alternatives, au cas où les promesses ne seraient pas tenues.

Ce pourrait donc être une bonne occasion pour d'autres architectures de se positionner comme références permettant d'échapper à l'emprise de Nvidia. La société SiFive, spécialisée dans la conception de puces custom, y voit une opportunité pour mettre en valeur l'architecture open source RISC-V et en faire le nouveau chevalier blanc de l'industrie électronique.

SiFive logo 01

A cette fin, elle vient de recruter comme CEO Patrick Little, qui officiait précédemment dans la branche des composants pour automobile de Qualcomm, avec pour mission de faire des processeurs RISC-V une réponse crédible à ceux qui ne voudraient plus dépendre de ARM.

SiFive est déjà capable de créer pour ses clients des lignées de processeurs personnalisés allant des tâches basiques aux plus complexes, en 32 ou 64 bit, et elle dispose donc d'un savoir-faire qu'il serait possible de faire fructifier en réponse au rachat de ARM.

SiFive U84 RISC V

Pour le nouveau patron de SiFive, une fenêtre d'opportunité inespérée est en train de s'ouvrir pour l'architecture RISC-V et il compte bien être aux commandes d'une stratégie qui demandera toutefois beaucoup d'efforts, notamment logiciels, pour se mettre au niveau de ARM.

C'est donc un gros travail de création d'un écosystème solide qui attend l'architecture RISC-V si elle veut un jour prétendre concurrencer ARM. En attendant, cette dernière est présente dans des dizaines de milliards de puces fabriquées annuellement et continue de s'étendre à de nouveaux domaines.

Source : Venturebeat