Il y a 30 ans, alors qu'il travaillait au Centre Européen pour la Recherche Nucléaire, (Sir) Tim Berners-Lee couchait sur le papier les bribes d'un système pour améliorer le partage d'informations stockées sur divers ordinateurs incompatibles.

Avec la contribution de l'un de ses collègues du CERN, Robert Cailliau, cette proposition sur une " Gestion de l'information " et avec un système hypertexte basé sur Internet allait ultérieurement devenir le World Wide Web, impliquant l'élaboration d'éléments comme le langage HTML (Hypertext Markup Language), le protocole HTTP (Hypertext Transfer Protocol) et le nommage URI (Uniform Resource Identifier).

À l'occasion de ce trentenaire du Web, Tim Berners-Lee publie une lettre sur le site de la World Wide Web Foundation qu'il a fondée en 2009 et dont l'une des missions est d'œuvrer à la préservation du caractère libre et ouvert du Web.

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Comme il l'a déjà fait à plusieurs reprises, l'inventeur du Web identifie quelques maux et défis. Il parle notamment des " sources de dysfonctionnement " affectant le Web d'aujourd'hui : le harcèlement en ligne, les attaques d'États et les comportements criminels, la propagation de la désinformation, des modèles de revenus basés sur la publicité récompensant les pièges à clics.

Pour Tim Berners-Lee, même une conception bienveillante peut aussi avoir des " conséquences négatives involontaires ", comme " le ton indigné et divergent, et la qualité du discours en ligne. " Il reste toutefois optimiste et appelle à changer le Web dans le cadre d'un effort collectif.

" Compte tenu de tout ce que le Web a changé au cours des trente dernières années, il serait défaitiste et dénué d'imagination de supposer que le Web tel que nous le connaissons ne peut pas être amélioré dans les trente prochaines années. Si nous renonçons à construire un Web meilleur aujourd'hui, ce n'est pas le Web qui nous aura fait défaut. C'est nous qui aurons fait défaut au Web. "

Tout en évoquant quelques pistes et un travail nécessaire qui sera de longue haleine, Tim Berners-Lee renvoie vers un Contrat pour le Web pour des principes sur lesquels les gouvernements, les entreprises et les citoyens devraient s'engager. " La lutte pour le Web est l'une des causes les plus importantes de notre époque. […] Le Web est à tous, et nous détenons collectivement le pouvoir de le changer. "

Tim Berners-Lee s'implique par ailleurs dans le projet Solid pour décentraliser le Web et redonner le contrôle complet des données aux utilisateurs. L'idée est de découpler les applications et les données dont chaque utilisateur est propriétaire. L'année dernière, la startup Inrupt a été lancée pour soutenir ce projet.

Solid-pod
Des utilisateurs pourront créer des espaces de stockage de données personnelles en ligne pods (personal online data stores) et permettre à des applications d'y accéder avec une autorisation.