Avec une dette de 24 milliards d'euros pour Altice France et de 60 milliards pour l'ensemble du groupe, mais aussi une affaire de corruption qui empoisonne la direction en partant du Portugal et en s'étendant à la France, pas simple de promettre des lendemains qui chantent.

Patrick Drahi, patron d'Altice, bataille depuis plusieurs mois pour rassurer investisseurs et créanciers sur sa capacité à redresser la situation et libérer son entreprise du poids de son énorme endettement.

Trahissant ses principes de recherche de contrôle total de ses actifs, l'entrepreneur s'est résolu dans l'urgence à vendre BFM et RMC, abandonnant définitivement l'idée d'une convergence telecom / média qui ne se concrétise pas et dont d'autres avant lui ont fait les frais.

Changement de stratégie sur le désengorgement de la dette

Le milliard et demi d'euros de la transaction va apporter un peu d'air fais mais restera très insuffisant pour changer la donne. La cession d'autres actifs stratégiques, comme XpFibre, opérateur d'infrastructure de fibre optique, est également en discussions pour une cession de plusieurs milliards d'euros.

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En attendant, les investisseurs et les créanciers s'agitent et s'inquiètent d'une stratégie de désendettement dont ils ne voient pas le bout. Ce ne sont pas les résultats mitigés de l'opérateur SFR, qui pourrait aussi être cédé prochainement, au moins en partie, qui vont les rassurer.

Avec des perspectives très prudentes pour 2024, Altice France n'offre pas tellement de garanties d'un mieux à venir. Et les créanciers ont de quoi s'inquiéter puisque Patrick Drahi voudrait maintenant leur imposer une réduction de la dette à ses conditions, en leur proposant "qu'il rachète leur dette à prix cassé ou échange leurs obligations contre d'autres plus avantageuses pour lui", explique Les Echos.

Les affaires sont les affaires

S'ils refusent ces dispositions, il menace de ne pas utiliser les produits des ventes des actifs pour désendetter le groupe. Autant dire que les actionnaires ont plutôt mal pris la nouvelle et se sentent trahis par une stratégie passée de la priorité du désendettement au sauvetage des meubles sur le dos des créanciers qui risquent de façon de plus en plus évidente d'y laisser des plumes.

Le groupe Altice a tout de même encore de la marge de manoeuvre et plusieurs actifs dont la cession pourrait rapporter plusieurs milliards mais le climat risque désormais de devenir glacial avec les partenaires financiers, dont certains pourraient se réunir pour aller à la confrontation face à la nouvelle stratégie, légale mais abrupte, de Patrick Drahi.

Source : Les Echos