Les équipementiers chinois Huawei et ZTE ont-ils bénéficié d'un soutien financier irrégulier de la Chine pour s'imposer en quelques années sur le marché des modems cellulaires 3G ? Un rapport confidentiel cité par le Wall Street Journal semble aller dans le sens de cette hypothèse.

En septembre 2010, la Commission européenne avait ouvert une enquête à la demande du fournisseur de solutions cellulaires belge Option qui accusait les équipementiers chinois d'avoir bénéficié d'avantages financiers de la part de leur pays d'origine, leur permettant de casser les prix du marché des modems cellulaires en Europe et de s'y imposer sans difficultés.

Option notait la chute vertigineuse et brutale de sa part de marché européenne dans la fourniture de ces composants alors qu'elle était stable dans les autres régions du monde. Les équipementiers Huawei et ZTE, qui détiennent effectivement plus de 80% du marché des modems cellulaires européens avaient aussitôt clamé leur innocence tandis que le ministère chinois du commerce montait au créneau pour les défendre.

Peu de temps après, le fournisseur belge a retiré sa plainte et annoncé dans le même temps une série de partenariats avec Huawei, ce dernier acceptant de prendre des licences chez Option et lui rachetant une division dédiée aux modems cellulaires 4G LTE.


Des zones d'ombre qui auraient mérité explication

La plainte ayant été annulée, la procédure européenne devrait en rester là. Pourtant, affirme le Wall Street Journal, s'appuyant sur un document confidentiel des régulateurs européens, des indices suggèrent que les deux équipementiers chinois ont reçu un très gros soutien de banques chinoises qui aurait pu alimenter une situation de dumping sur les modems 3G en Europe.

Le document met en évidence la valeur de la ligne de crédit de 25 milliards de dollars accordée à ZTE, ce qui semble élevé pour une société générant un chiffre d'affaires annuel de 8 milliards de dollars, tandis que Huawei disposerait pareillement d'une ligne de crédit de 30 milliards de dollars de la part de la China Development Bank.

En soi, ces éléments ne sont pas constitutifs d'une fraude et il aurait fallu aller plus loin dans l'enquête pour confirmer une illégalité éventuelle des deux équipementiers chinois, mais le document évoque explicitement de sérieuses zones d'ombre dans le dossier.