C'était la promesse d'un nouveau monde, celui de la voiture autonome, de la chirurgie à distance et des usines intelligentes. Cinq ans après le coup d'envoi de son déploiement en France, la 5G a surtout le goût de la déception.
Pour les opérateurs, la facture est colossale : plus de 11 milliards d'euros déjà investis. Pour les consommateurs, le fameux "effet waouh" n'a jamais eu lieu. Retour sur un lancement qui ressemble de plus en plus à un rendez-vous manqué.
Pourquoi un tel décalage entre les promesses et la réalité ?
Où sont passées les applications qui devaient changer nos vies ? C'est la question que tout le monde se pose. La 5G a été vendue comme une technologie de rupture, mais dans les faits, son principal apport a été technique et invisible pour le grand public : désengorger des réseaux 4G arrivés à saturation. Pour l'utilisateur lambda, qui bénéficiait déjà d'une 4G performante pour streamer des vidéos ou naviguer sur les réseaux sociaux, la différence est imperceptible.
« On nous a vendu monts et merveilles », résume un expert du secteur. Le passage de la 3G à la 4G avait ouvert l'ère du smartphone moderne. Celui de la 4G à la 5G n'a, pour l'instant, rien changé de fondamental dans notre quotidien.
Les opérateurs sont-ils les grands perdants de l'histoire ?
Sans aucun doute. Les opérateurs ont massivement investi : d'abord 2,8 milliards d'euros juste pour acquérir les fréquences, puis des milliards chaque année pour déployer les antennes. La facture totale dépasse déjà les 11 milliards d'euros, et le déploiement est loin d'être terminé. En face, le retour sur investissement est quasi inexistant.
Le chiffre d'affaires du secteur mobile a à peine progressé, et le prix moyen des forfaits a stagné. Les tentatives de créer des forfaits 5G "premium" plus chers ont fait long feu face à une concurrence féroce et à des consommateurs qui, ne voyant pas la différence, restent focalisés sur le prix. L'amertume est palpable, au point que certains dirigeants admettent avoir "surpromis" la technologie.
Pourquoi les consommateurs n'ont-ils pas adopté massivement la 5G ?
L'indifférence des utilisateurs est le cœur du problème. Fin 2024, l'Arcep ne comptait que 22 millions de cartes SIM actives en 5G, contre 74 millions en 4G. Un chiffre décevant qui s'explique par plusieurs facteurs. D'abord, la 4G fonctionne déjà très bien pour la majorité des usages. Ensuite, une confusion technique a longtemps brouillé les pistes : la première vague de 5G (dite "Non-Standalone") s'appuyait sur le réseau 4G et n'offrait qu'un gain de débit modeste.
La "vraie" 5G, ou 5G Standalone (5G+), qui offre une latence très faible, n'est arrivée que plus tard et reste encore limitée en termes de couverture et de terminaux compatibles. Sans besoin pressant ni "effet waouh", le grand public n'a simplement pas vu de raison de se précipiter.
Foire Aux Questions (FAQ)
Quelle est la différence entre la 5G et la 5G+ (ou 5G SA) ?
La 5G "classique" (NSA - Non-Standalone) utilise le cœur de réseau 4G pour fonctionner. Elle offre principalement une augmentation des débits. La 5G+ (SA - Standalone) dispose de sa propre infrastructure de cœur de réseau, ce qui lui permet d'offrir des performances bien supérieures, notamment une latence très faible, cruciale pour les futurs usages comme la voiture connectée.
La 5G est-elle vraiment beaucoup plus rapide que la 4G ?
Oui, techniquement, la 5G offre des débits théoriques bien supérieurs à la 4G. Dans les faits, pour un utilisateur en mobilité, la différence n'est pas toujours flagrante, surtout dans les zones où la 4G est déjà très performante. Le principal avantage de la 5G est sa capacité à gérer un très grand nombre de connexions simultanées sans saturation.
Le déploiement de la 5G est-il terminé en France ?
Non, loin de là. Si les grandes villes sont bien couvertes, les opérateurs ont jusqu'à 2030 pour atteindre les objectifs de couverture fixés par l'État, notamment dans les zones rurales et le long des axes de transport.