En 2020, Airbus présentait son projet d'avion ZEROe (Avion Zéro Emission) avec trois concepts d'avions alimentés à l'hydrogène plutôt qu'au kérozène et donc sans émissions de gaz à effet de serre durant leur fonctionnement.
A ce moment, l'engouement est fort avec des promesses du gouvernement de soutenir l'écosystème et de pousser à la création des infrastructures nécessaires pour l'approvisionnement.
Même s'il ne s'agit encore de belles paroles, l'avionneur veut y croire et anticipe un premier projet concret dès 2035, même si le choix des technologies et des approches n'est pas encore validé.
Depuis, bien des événements se sont produits (pandémie avec effondrement du trafic avant une reprise forte, guerre en Ukraine et inflation, nouvelles stratégies énergétiques et écologiques...), ce qui n'a pas aidé à renforcer véritablement la filière hydrogène.
Cette dernière est loin derrière les objectifs de production et fait figure de parent pauvre alors que l'option nucléaire prend les devants pour alimenter des centres de données destinés à faire croître les intelligences artificielles.
Les avions à hydrogène, pas avant 2040 au mieux
Les infrastructures hydrogène ne sont pas là, la production ne décolle pas et les projets devant faire de l'hydrogène le carburant vert du futur ont du mal à se démarquer.
Airbus a évalué l'intérêt de l'hydrogène au travers de multiples initiatives (HyPERION avec ArianeGroup sur les systèmes de propulsion, HyPower pour son utilisation dans ses systèmes avioniques annexes) mais la transition ne pourra pas se faire sans la mise en place des infrastructures.
Le président d'Airbus, Guillaume Faury, ne peut que le constater en indiquant que l'écosystème qui permettrait de faire émerger un avion à hydrogène a au moins cinq de retard sur les prévisions.
De fait, l'avionneur recule ses projets d'avion à hydrogène à 2040, et encore a minima, en attendant "un cadre réglementaire qui n'existe pas encore", mais y voit plus clair dans le choix de la technologie.
La pile à combustible privilégiée
Selon le journal La Tribune, plutôt qu'une combustion directe d'hydrogène alimentant une turbine à gaz, Airbus souhaiterait privilégier le fonctionnement à l'aide d'une pile à combustible à hydrogène alimentant des moteurs électriques.
Le choix n'est pas anodin puisqu'il conditionne le type d'avion qui pourra en bénéficier. En l'occurrence, la pile à combustible pourra alimenter des avions régionaux de 100 places et d'une autonomie de moins de 2000 kilomètres, selon des estimations datant de 2022.
Il n'est pas non sans conséquence sur l'emploi et les investissements et les syndicats s'inquiètent déjà de ces modulations dans la feuille de route du développement d'avions ZEROe.
Avant de passer à l'hydrogène, il faudra compter sur d'autres moyens pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l'aviation civile. Cela passera par des profils aérodynamiques optimisés pour réduire la consommation de carburant et par les carburants SAF (carburant d'aviation durable).