La startup Apex investit 15 millions de dollars sur fonds propres pour lancer en 2026 "Project Shadow", une mission de démonstration d'intercepteurs orbitaux.

Sa raison d'être : prouver la viabilité de sa plateforme "Orbital Magazine" et se positionner comme un acteur clé du colossal programme de défense antimissile Golden Dome, initié par le Pentagone.

La startup californienne Apex a annoncé son intention de lancer une mission de démonstration d'intercepteurs de missiles basée dans l'espace dès l'été 2026.

Apex Project Shadow

Baptisée Project Shadow, cette initiative entièrement privée vise à soutenir le programme de défense antimissile du Pentagone, connu sous le nom de Golden Dome. Une manœuvre qui pourrait bien redéfinir les règles du jeu dans un secteur traditionnellement dominé par des contrats gouvernementaux massifs.

Un "chargeur orbital" pour devancer la concurrence

Le cœur de la mission est de tester la plateforme Orbital Magazine d'Apex. Il s'agit d'un satellite hôte, basé sur le châssis Nova de l'entreprise, conçu pour héberger et déployer des prototypes d'intercepteurs directement depuis l'orbite.

Apex Nova satellite

Apex Nova

Ian Cinnamon, PDG d'Apex, précise que l'enjeu n'est pas tant les intercepteurs eux-mêmes, qui ne seront pas actifs, mais de prouver que la technologie de support fonctionne.

Cette démonstration cruciale doit valider la capacité du satellite à fournir l'énergie, la chaleur et le support environnemental nécessaires aux intercepteurs dans les conditions extrêmes de l'espace.

Une manœuvre stratégique face aux titans de l'industrie


Cette approche contraste fortement avec celle des contractants traditionnels de la défense comme Lockheed Martin ou Northrop Grumman, qui attendent souvent des contrats gouvernementaux pour avancer.

En prouvant sa technologie en amont, Apex espère se positionner comme un partenaire agile et incontournable pour les grands intégrateurs qui répondront aux appels d'offres de Golden Dome.

La startup mise sur sa capacité de production en série, s'appuyant sur une nouvelle usine capable de fabriquer jusqu'à 200 satellites par an. Une agilité qui pourrait faire la différence face aux cycles de développement plus lents des acteurs historiques.

Quels sont les enjeux techniques et futurs ?

Le test de juin 2026 ne créera aucun débris spatial. Les deux intercepteurs de démonstration déploieront leur moteur fusée à propergol solide, mais n'intercepteront aucune cible.

Le but premier est de valider la séquence de déploiement, le contrôle thermique des moteurs dans le vide spatial et, surtout, la communication. Le satellite utilisera une radio logicielle pour établir une liaison de données Link-182, une norme adoptée par l'U.S. Space Force, assurant un suivi en temps réel après le déploiement.

Pour Apex, le défi est d'intégrer des technologies existantes mais disparates (propulseurs, autodirecteurs, satellites) pour créer un système fonctionnel et scalable, une question que le Pentagone, face à l'incertitude sur les modalités d'acquisition de Golden Dome, n'a pas encore totalement tranchée.