La stratégie du « jardin clos » d'Apple connaît un nouveau revers majeur. Cette fois, c'est au Brésil que la firme de Cupertino est contrainte de revoir sa copie. Un accord conclu avec le Conseil administratif de la défense économique (Cade) va obliger le géant américain à autoriser des méthodes de paiement et des boutiques d'applications alternatives sur iOS, une concession significative qui fait suite à une longue enquête pour pratiques anticoncurrentielles.
Quelles sont les concessions exactes d'Apple ?
L'accord, qui s'étalera sur trois ans, impose à Apple des changements profonds dans son modèle économique brésilien. L'entreprise dispose de 105 jours pour se mettre en conformité. Concrètement, les développeurs pourront désormais communiquer directement avec leurs utilisateurs sur les offres disponibles en dehors de la boutique officielle et les y rediriger.
Plus important encore, les applications pourront présenter côte à côte la méthode de paiement d'Apple et des solutions de paiement tierces. Le constructeur s'engage également à autoriser l'installation de boutiques d'applications pour ouvrir l'écosystème à la concurrence, tout en limitant l'usage des scare screens, ces messages d'avertissement anxiogènes destinés à dissuader les utilisateurs.
Comment cette décision a-t-elle été initiée ?
Cette ouverture n'est pas une initiative spontanée de la part d'Apple. Elle est le fruit d'une enquête antitrust lancée par le Cade en décembre 2022. La procédure a été déclenchée par une plainte de Mercado Livre, un acteur majeur du commerce en ligne en Amérique latine, qui accusait la firme d'abus de position dominante.
L'enquête ciblait spécifiquement l'interdiction de distribuer des biens et services numériques via des canaux externes et l'obligation d'utiliser le système de paiement propriétaire d'Apple, avec sa commission pouvant atteindre 30%. Face à des mesures préventives imminentes, Apple a préféré négocier un accord à l'été dernier pour mettre fin aux poursuites.
Quelle est la portée de cette nouvelle politique ?
Le Brésil rejoint ainsi la liste grandissante des pays, après l'Union Européenne, le Japon et la Corée du Sud, qui forcent Apple à assouplir son contrôle. La firme reste cependant sur ses gardes, soulignant que ces changements « ouvrent de nouveaux risques pour la confidentialité et la sécurité des utilisateurs », notamment hors de l'App Store officiel. Elle promet de maintenir des protections, notamment pour les plus jeunes.
Cependant, Apple ne renonce pas à tout. Le géant américain pourra toujours prélever une commission sur les achats effectués en dehors de sa boutique, une stratégie déjà observée en Europe avec le DMA. Mercado Livre a d'ailleurs réagi en affirmant que ces mesures ne résolvent qu'une partie du problème et que des expériences similaires à l'étranger ont eu des résultats limités. En cas de non-respect, Apple s'expose à une amende pouvant atteindre 150 millions de réaux.