La firme britannique ARM est un pivot dans l'industrie électronique, les puces et les microcontrôleurs. Ses architectures de coeur de processeurs, de GPU et autres composants sont très largement utilisées par l'industrie.
ARM en propose des licences à des entreprises qui développent ensuite des puces telles qu'on les retrouve dans nos appareils électroniques, smartphones en tête. Cela signifie qu'elle propose sa propriété intellectuelle contre paiement mais qu'elle ne produit pas elle-même de puces électroniques.
Ce modèle économique pourrait évoluer. Des rumeurs reviennent régulièrement sur une volonté de ARM de fabriquer ses propres puces et plusieurs indices récents viennent renforcer cette hypothèse.
L'agence Reuters affirme par exemple que l'entreprise a commencé à embaucher des talents pris chez ses clients en vue de se lancer dans cette nouvelle activité. Le focus serait mis sur les puces destinées aux datacenters IA alors que le boom de l'IA crée une énorme demande pour ce type de composant électronique et que certaines entreprises comme Nvidia en profitent largement et presque sans partage.
ARM veut devenir un fabricant de puces ARM
ARM pourrait ainsi devenir autant un concurrent qu'un fournisseur des architectures de puces de certains de ses clients comme Qualcomm qui cherche aussi pour ses puces des points d'entrée allant au-delà des smartphones, comme les processeurs pour PC portables Snapdragon X mais aussi, plus tard, les processeurs pour serveurs ARM.
Il se murmure d'ailleurs que ARM et Qualcomm pourraient rapidement entrer en concurrence sur la fourniture de puces au géant Meta, ce qui a fait bondir le cours en Bourse de ARM à cette perspective.
Et ARM aurait déjà réussi à récupérer au moins une partie des commandes de puces pour serveurs de Meta, au nez à et la barbe de Qualcomm, selon différentes sources.
Rappelons que la firme de Mark Zuckerberg prévoit d'investir au moins 65 milliards de dollars dans des infrastructures IA cette année, tandis que Google et Microsoft veulent dépenser de 70 à 80 milliards de dollars, la palme revenant à Amazon avec 100 milliards de dollars d'investissement, sans compter le Projet Stargate avec OpenAI aux 500 milliards de dollars potentiels.
Les centres de données sont le nouvel Eldorado des acteurs des puces et ARM ne veut pas seulement être un acteur de l'ombre de ce puissant de croissance. Le problème reste toutefois que la firme de Cambridge a toujours eu une position de neutralité sur le marché de l'électronique en proposant ses architectures à tous les acteurs sans se poser en acteur direct.
De la neutralité à l'engagement
Nvidia s'en souvient sans doute encore avec amertume en voulant racheter ARM il y a quelques années pour 44 milliards de dollars avant de renoncer face au barrage réglementaire qui s'annonçait, attisé par une concurrence craignant de perdre l'accès aux licences.
ARM reste au coeur des puces d'Apple (Apple Ax et Apple M) comme des composants Snapdragon de Qualcomm et Dimensity de MediaTek mais travaille aussi avec Microsoft, Nvidia, Google, Intel ou Amazon.
Après les architectures, des puces directement produites par ARM ?
L'entreprise a déjà connu des déconvenues sur les droits de licence avec Qualcomm et voit avec inquiétude son modèle économique reposant sur ses brevets fragilisé par la tendance des puces custom, c'est à dire développées en interne en utilisant seulement les jeux d'instruction ARM mais pas les architectures clé en main.
A terme, ARM pourrait aussi venir concurrencer les composants GPU de Nvidia. Ce dernier domine largement le marché avec ses accélérateurs IA très demandés mais les acteurs sont en quête de diversification de leurs approvisionnements.
Toute la question reste donc de savoir si ARM pourra devenir un fournisseur de puces comme les autres étant donné son rôle particulier dans l'écosystème ARM et dans l'industrie des semi-conducteurs. La concurrence acceptera-t-elle l'irruption de puces ARM fabriquées par ARM ?