L'espace autour de la Terre n'a jamais été aussi dangereux. C'est un fait.

Des décennies de conquête spatiale ont laissé une traînée de déchets : plus de 25 000 objets répertoriés et potentiellement 170 millions de fragments trop petits pour être suivis. Chacun d'eux est une balle de fusil filant à plus de 25 000 km/h.

La situation s'est dramatiquement accélérée avec le déploiement massif de méga-constellations, comme Starlink de SpaceX qui compte déjà près de 8 600 satellites. Le trafic est devenu si dense que les contrôleurs émettent un millier d'alertes de collision chaque jour, forçant les opérateurs à des manœuvres d'évitement constantes et coûteuses.

Comment ce nouveau blindage fonctionne-t-il ?

La startup géorgienne Atomic-6 a développé une technologie baptisée Space Armor. Il s'agit d'un blindage composé de tuiles hexagonales légères, conçues à partir d'un mélange propriétaire de fibres et de résine. Le principal atout de cette armure spatiale est sa capacité à absorber l'énergie d'un impact sans se désintégrer. C'est là que réside toute la différence : contrairement aux boucliers Whipple traditionnels en métal, qui éclatent en une myriade de nouveaux projectiles dangereux lors d'une collision, ce composite encaisse le choc sans créer de débris secondaires. Les tests au sol, simulant des impacts à hypervitesse, ont montré des résultats « stupéfiants » selon ses concepteurs.

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Vue des débris spatiaux autour de la Terre en août 2024. Chaque fragment menace les satellites et accentue les risques de collisions.
Crédits : ESA

Quelle est son efficacité contre les débris ?

Selon Atomic-6, son blindage protège contre la totalité des débris de moins de trois millimètres. Plus impressionnant encore, il neutralise 90 % des menaces connues en orbite basse.
Ces micrométéorites et résidus de fusées sont les plus insidieux, car ils sont trop nombreux et trop petits pour être activement évités. L'entreprise a validé son matériau grâce à des tests rigoureux, utilisant des canons à projectiles pour répliquer ces impacts cataclysmiques à petite échelle. Une protection vitale pour les infrastructures critiques d'un satellite.

Space Armor

Collision à très haute vitesse : le Space Armor (à gauche) résiste sans se disloquer, tandis que l’aluminium classique (à droite) se pulvérise en éclats dangereux.
Crédits : Atomic-6

Quelles sont les prochaines étapes pour cette technologie ?

L'entreprise prévoit d'envoyer ses premières tuiles en orbite dès 2026, en partenariat avec des clients du secteur satellitaire. Trevor Smith, le directeur général, souligne avec une pointe d'ironie que l'environnement spatial lui-même servira de terrain d'essai final. Les débris existants agiront comme des projectiles naturels.

Cette course à l'armement pacifique illustre un paradoxe majeur : alors que des entreprises colonisent l'espace à un rythme effréné, d'autres doivent innover pour se prémunir des conséquences de cette expansion. Une application pour les combinaisons d'astronautes reste, pour l'heure, purement hypothétique.

Source : Space.com