Depuis plusieurs mois, la tension est palpable en Mer Baltique entre les forces de l'OTAN et la Russie. Le rapprochement des pays d'Europe du Nord avec l'alliance atlantiste entraîne des démonstrations de force de la Russie et le conflit ukrainien fait monter le spectre de nouvelles opérations militaires.

Dans ce contexte, les incidents autour de plusieurs câbles sous-marins dans la zone, câbles de fibre optique pour Internet ou câbles électriques, ont conduit à soupçonner des actes de sabotage dans le cadre d'une guerre hybride qui ne dit pas son nom mais vise à fragiliser les positions des uns et des autres.

Plusieurs navires présents sur zone au moment des faits ont été repérés et parfois interceptés en vue d'enquêtes. Les autorités locales ont été promptes à évoquer la possibilité d'un sabotage et le renforcement des mesures de surveillance, tandis que l'OTAN a décidé de renforcer les patrouilles dans la zone.

Une série d'accidents plutôt qu'une opération de sabotage

Pourtant, les investigations tendent à suggérer que les incidents sur les câbles sous-marins tiennent plus de l'accident que de la guerre hybride cherchant sciemment à attaquer les infrastructures sensibles.

Les éléments (publics et classifiés) rassemblés par l'Europe et les Etats-Unis ne mettent pas vraiment en évidence une volonté directe de laisser traîner l'ancre des navires, parfois sur des dizaines de kilomètres.

Ces dégâts dériveraient plutôt de l'inexpérience des équipages et de la vétusté des navires de la fameuse flotte fantôme russe qui circule en Mer Baltique pour écouler malgré tout le pétrole russe sous embargo, selon le Washington Post.

Il n'a pas été démontré jusqu'à présent de volonté manifeste de la Russie d'actions hostiles contre les câbles sous-marins dans les divers incidents étudiés de ces derniers mois.

Le dernier navire intercepté, l'Eagle S, fait clairement partie de cette flotte fantôme mais deux navires chinois, le NewnewPolar Bear et le Yi Peng 3, avaient également été suspectés d'actions de sabotage, sans trouver de preuve d'une action volontaire.

Les dénégations habituelles de la Russie, qu'elle soit en tort ou non, ne facilitent pas la manifestation de la vérité, même quand elle lui est a priori favorable. Le pays reste soupçonné de vouloir mener des actions hostiles dans d'autres domaines et reste donc sous surveillance étroite.

Un doute persiste devant l'hostilité grandissante de la Russie

Si les autorités des pays autour de la Mer Baltique ont été rapides à évoquer des actions de sabotage au regard du rapprochement des événements, il s'agirait donc essentiellement d'accidents répétés, sans pouvoir écarter totalement une responsabilité de la Russie, au regard de l'importance d'autres actions qu'elle planifierait par ailleurs en Europe.

CLion-1, l'un des câbles sous-marin endommagé ces derniers mois

Il reste aussi qu'il est établi que la Russie a passé du temps à cartographier les réseaux de câbles sous-marins et cherché à en identifier les points faibles. Les itinéraires des navires et le fait que certains aient laissé traîner leur ancre durant des dizaines de kilomètres, alors qu'ils auraient dû s'en apercevoir très rapidement, restent des éléments de suspicion.

Le timing des incidents, au moment où l'OTAN réalisait des manoeuvres militaires renforcées dans la région avec la Finlande, constitue un autre facteur de suspicion. Et l'un des principes de la guerre hybride est d'agir discrètement et toujours dénier les actions menées...