Face à ce qu'elle considère comme des débordements répétés, l'Arcom, régulateur du secteur audiovisuel, a décidé de ne pas renouveler les fréquences TNT des chaînes C8 et NRJ12.
Deux nouvelles chaînes occuperont les fréquences l'an prochain : OFTV (Ouest France TV) d'une part et RéelsTV (CMI France) d'autre part. Les chaînes C8 comme NRJ12 ont bien tenté de faire annuler la décision de l'Autorité en invoquant la sévérité de la mesure et le risque sur l'emploi (300 collaborateurs menacés), rien n'y a fait et le processus est toujours en cours.
Le groupe Canal+, derrière la chaîne C8, a pris acte de ces blocages et répond à sa manière à l'Arcom. Dans un communiqué de presse publié ce 5 décembre, il annonce son intention de retirer l'ensemble de ses chaînes (Canal+, Canal+ Cinéma, Canal+ Sport, Planète) de la TNT à partir de juin 2025.
Trop de pression fiscale...mais aussi une entrée en Bourse à venir
Dénonçant "un environnement fiscal et réglementaire de plus en plus contraignant pour le groupe en France", il affirme que la décision du régulateur "vient profondément déséquilibrer l'activité de ses chaînes payantes sur la TNT".
Canal+ se plaint notamment de la hausse de son taux de TVA (passé de 10% à 20%, soit celui des plateformes numériques) et de l'augmentation de sa taxe versée au CNC pour la création de contenus audiovisuels. Le retrait de C8 aurait été la goutte qui a fait déborder le vase.
L'annonce n'est pas anodine puisque le groupe Vivendi doit séparer ses activités en quatre pôles, dont un consacré à Canal+ et qui doit être introduit à la Bourse de Londres dès mi-décembre.
D'autre part, le groupe Canal a amorcé un virage numérique qui rend sa présence sur les fréquences de la TNT moins stratégique (mais qui a conduit à la hausse du taux de TVA). Le renouvellement de l'accès au canal 4 de la TNT pour son fleuron Canal+ s'était d'ailleurs négocié sur une période réduite courant jusqu'à juin 2025.
La réaction du groupe Canal n'est donc pas totalement une surprise et va compliquer la tâche des réattributions de fréquences TNT pour l'Arcom puisque les quatre chaînes avaient été précédemment retenues.
Toutefois, beaucoup pensaient que la menace d'un retrait de Canal+ des chaînes de la TNT était plus ostentatoire que réalisable. Et si le groupe Canal peut se permettre de réaliser cette manoeuvre, c'est aussi que le canal TNT génère peu d'audience par rapport à l'ensemble de tous les autres canaux d'accès.
Quelle conséquence pour le financement audiovisuel français ?
Pour les abonnés impactés (70 000 foyers), le groupe Canal promet déjà de fournir des équipements permettant de continuer d'accéder aux chaînes par d'autres moyens (satellite, ADSL / fibre, OTT...).
Qu'en est-il du financement de la création audiovisuelle française alors que Canal+ se revendique le premier financeur du cinéma français ? Si le retrait de la chaîne 4 va assouplir ses obligations d'investissement, le groupe Canal devrait rester un financeur significatif, ses chaînes restant diffusées par d'autres canaux.
La baisse de sa contribution pourrait par ailleurs être compensée par une augmentation chez des acteurs du streaming vidéo afin d'accélérer les disponibilités des contenus.
Pour ce qui est du canal 4 de la TNT, ce sera à l'Arcom de décider qu'en faire. Nouvel acteur ou chaîne existante venant occuper cette position intéressante dans la grille des programmes, les possibilités sont nombreuses et attisent sans doute déjà les convoitises.