C'est une bouffée d'oxygène cruciale pour la medtech française. Ce lundi 1er décembre 2025, le tribunal des affaires économiques de Versailles a officiellement validé l'unique offre de reprise pour le groupe Carmat.

L'entreprise emblématique, qui développe un cœur artificiel total, voyait son pronostic vital engagé depuis plusieurs mois. Cette décision met fin à une longue période d'incertitude et redessine complètement l'avenir de la société.

Comment ce sauvetage a-t-il été orchestré ?

L'opération a été menée par une figure centrale de l'entreprise : Pierre Bastid, son président du conseil d'administration et actionnaire à hauteur de 17%. Ce n'était pourtant pas gagné. Une première offre déposée en août avait été jugée irrecevable fin septembre, faute d'avoir pu mobiliser les fonds nécessaires à temps. C'est un délai supplémentaire accordé par le tribunal qui a permis de monter un nouveau dossier.

Pour cette seconde tentative, Pierre Bastid s'est associé à un autre actionnaire historique, la holding de la famille Ligresti, Santé Holding. Leur plan est radical : racheter les actifs pour créer une nouvelle structure privée, baptisée Carmat SAS. Cette nouvelle entité sera financée à parts égales par les deux repreneurs, liés par un solide pacte d'actionnaires et un apport d'argent frais de 30 millions d'euros.

Quelles sont les conséquences directes pour l'entreprise ?

Ce sauvetage a un coût social non négligeable. L'offre de reprise ne porte que sur 88 des 127 salariés que comptait l'entreprise début décembre. En conséquence, ce seront 39 salariés qui seront licenciés pour motif économique. Une décision difficile, présentée comme indispensable pour assurer la survie de l'activité principale et repartir sur des bases financières plus saines. Cette restructuration drastique est la conséquence directe de la situation critique de l'entreprise, qui était en redressement judiciaire depuis le début de l'été.

L'autre changement majeur est la sortie de la cotation en Bourse. Autrefois symbole de l'innovation médicale française, Carmat avait vu son cours s'effondrer, passant de plus de 100 euros il y a une décennie à seulement 30 centimes récemment. Cette sortie du marché boursier signe la fin d'une ère et transforme Carmat en un projet privé, à l'abri des turbulences des marchés financiers.

Pourquoi Carmat était-elle au bord du gouffre ?

L'histoire de Carmat est celle d'une société qui consomme énormément de cash pour financer une innovation de rupture. Son ambition de changer le modèle même du traitement de l'insuffisance cardiaque biventriculaire est immense, mais les coûts de développement et de certification le sont tout autant. La société, l'une des rares au monde à développer un cœur artificiel entier, avait annoncé être en cessation de paiements le 30 juin, à court de fonds pour honorer ses créances.

Le parcours de l'entreprise a aussi été marqué par des revers techniques. Des problèmes de qualité sur ses prothèses avaient entraîné une suspension des implantations entre fin 2021 et octobre 2022, suite à des dysfonctionnements ayant coûté la vie à deux patients. Ces contretemps, durement sanctionnés en Bourse, ont fragilisé une structure déjà sous tension. Le nom de l'entreprise, Carmat, est d'ailleurs une contraction entre celui de son inventeur, le chirurgien Alain Carpentier, et la société Matra Defense.

Foire Aux Questions (FAQ)

Qui sont les repreneurs de Carmat ?

La reprise est menée par un duo d'actionnaires historiques : Pierre Bastid, l'actuel président du conseil d'administration de l'entreprise, et Santé Holding, la holding de la famille Ligresti. Ils financeront la nouvelle structure à parts égales.

Qu'est-ce que le cœur artificiel Aeson ?

Aeson est le nom du cœur artificiel total développé par Carmat. Il est conçu pour les patients souffrant d'insuffisance cardiaque biventriculaire terminale, agissant comme une solution d'attente ("pont à la transplantation") avant une greffe de cœur.

Quel est l'avenir pour Carmat ?

Carmat devient une société privée (SAS Carmat) et n'est plus cotée en Bourse. Cette nouvelle organisation vise à sécuriser le financement sur le long terme pour poursuivre le développement et la commercialisation de sa technologie, malgré une réduction de ses effectifs.