Après une année 2023 chaude et marquée par une hausse continue de la température des océans, les scientifiques pensaient que 2024 serait une année plus fraîche.
En réalité, l'année passée a été encore plus chaude et est devenue la première à connaître une hausse moyenne des températures de surface de la Terre au-delà de +1,5 degré par rapport aux niveaux pré-industriels, c'est à dire au-dessus du seuil établi par la COP21 à partir duquel les effets du changement climatique seront perceptibles et obligeront à prendre des mesures.
Franchir ce seuil était attendu mais épisodiquement et pas avant 2030. La variabilité climatique naturelle suggère que l'on devrait connaître des années plus fraîches avant que ne s'établisse durablement cette moyenne.
2025 va-t-elle défier les statistiques ?
Et pourtant, 2025 ne montre pas encore les signes de rafraîchissement attendus. L'observatoire européen Copernicus établit pour le mois d'avril une température moyenne 1,51 degré au-dessus des moyennes pré-industrielles, corroborée par d'autres plates-formes d'observation.
Pourtant, l'année en cours devrait ne plus subir l'effet asséchant du courant El Niño qui a marqué la fin de l'année 2023 et une bonne partie de 2024. Ce phénomène périodique s'est arrêté et devrait laisser place à La Niña, à l'effet globalement refroidisseur.
2025 sera-t-elle une nouvelle année chaude ? Cela défierait les statistiques, à moins que le réchauffement climatique soit plus intense que prévu. Et la question se pose désormais de savoir si elle ne sera pas déjà la deuxième année à passer la barre de +1,5 degré, voire de constituer la nouvelle année record.
La disparition de El Niño et son remplacement par La Niña seront peut-être décisifs dans les mois à venir pour déterminer le profil de l'année en cours. L'objectif de la COP21 censé nous protéger de grands événements climatiques semble sur le point de céder et constituer une nouvelle donne qui était plutôt attendue durant la prochaine décennie.
Selon le consensus, il faudrait trois années consécutives au-delà de +1,5 degré pour valider le dépassement durable de ce seuil. D'autres estimations suggèrent qu'un ensemble de 12 mois consécutifs au-delà de +1,5 degré valide à 80% le scénario du passage durable de ce seuil.
L'objectif +1,5 degré est-il déjà perdu ?
On n'y est pas encore mais on s'en rapproche rapidement, semblent indiquer les données métérologiques mois après mois. Il reste à voir si l'on sera capable de rester sous la barre de +2 degrés, le seuil haut de la COP21 ou s'il arrivera lui aussi plus vite que prévu.
Les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre restent déterminants et une lueur d'espoir est apparue avec la possibilité que la Chine ait atteint son pic d'émission.
Une première baisse légère a été observée et est attribuée au déploiement massif d'énergies renouvelables dans le pays (solaire, éolien, hydroélectrique...). Tandis que les Etats-Unis déploient des mesures climatosceptiques voulues par Donald Trump, l'Europe poursuit elle aussi des efforts de réduction des émissions, et ce d'autant plus qu'elle est particulièrement impactée par le réchauffement climatique, plus intense que dans d'autres zones géographiques.
L'Hexagone pourrait se trouver coupé en deux avec des inondations plus fréquentes et massives au nord et des sécheresses longues et intenses au sud. Le gouvernement prend déjà de grandes orientations stratégique pour s'y préparer en partant sur un risque de hausse de température de +4 degrés d'ici 2100, afin de couvrir un large spectre de scénarios.