La menace des astéroïdes qui croisent parfois la trajectoire de la Terre est un sujet de préoccupation scientifique mondiale. Avec des milliards de débris cosmiques autour de notre système solaire, certains d’entre eux peuvent représenter un danger réel.
La Chine a décidé de s'engager activement dans cet enjeu en développant une mission ambitieuse visant à dévier un astéroïde à l’aide d’un impact cinétique. Comme la NASA, elle cherche à développer des méthodes qui permettront peut-être un jour d'éviter une catastrophe menaçant l'humanité entière.
Un projet de déviation inédit en approche
La Chine planifie pour 2030 une mission de démonstration qui consistera à frapper un astéroïde pour modifier légèrement son orbite. La cible est un astéroïde d'environ 30 mètres de diamètre nommé 2015 XF261, situé à plusieurs millions de kilomètres de la Terre.
L’idée est de lancer deux engins : un observateur et un impacteur. Le premier se rapprochera de l’objet pour mener une étude détaillée de ses caractéristiques physiques, tandis que le second viendra le percuter à très haute vitesse.
Le cadre est similaire à celui de la mission DART de la NASA qui a percuté un astéroïde et observe désormais les conséquences de l'impact et de la déviation .
L’impact est censé entraîner une modification de l’orbite de l’astéroïde, d’environ 3 à 5 centimètres, ce qui suffirait à exclure tout risque de collision avec la Terre pour plusieurs décennies, voire un siècle. Cette méthode d’« impact cinétique » est considérée comme la principale approche de défense planétaire envisagée actuellement, appuyée par d’autres technologies pour renforcer la précision et l’efficacité de la mission.
Pourquoi cette mission est-elle cruciale ?
Les astéroïdes proches de la Terre, ou NEO (Near-Earth Objects), sont nombreux, mais seuls certains présentent un danger potentiel. Des corps de plus de 140 mètres frappent la Terre en moyenne tous les 11 000 ans, une rareté qui n’écarte pas pour autant un risque majeur.
Les conséquences d’une collision peuvent être catastrophiques, comme l’illustre l’extinction des dinosaures il y a 66 millions d’années, probablement causée par un impact de grande ampleur.
Ce projet chinois s’inscrit dans une logique de prévention avancée. Il vise à démontrer la capacité à détecter, à surveiller et à agir en cas de menace réelle. En combinant une étape d’observation poussée et une intervention directe, la Chine veut se doter d’un système complet de défense planétaire.
Dans ce cadre, le missionnaire Wu Weiren souligne que ces « astéroïdes sont à la fois des fossiles de formation du système solaire et des menaces existentielles pour l'humanité ».
Tianwen-2, une autre facette de l’exploration des astéroïdes
Parallèlement à cette mission de défense, la Chine a lancé en mai 2025 la sonde Tianwen-2, une mission d'exploration et de collecte d’échantillons sur l’astéroïde proche de la Terre 2016 HO3.
Ce projet ambitieux s’étalera sur une décennie, combinant étude détaillée, prélèvements en surface et exploration d’une comète dans la ceinture principale d’astéroïdes.
Tianwen-2 utilise une propulsion électrique solaire et prévoit de recueillir des centaines de grammes de matériaux, notamment grâce à des méthodes innovantes comme l’ancrage sur l’astéroïde.
Les données récoltées permettront de mieux comprendre la composition et l’évolution de ces corps célestes, essentiels pour peaufiner les futures stratégies de défense. Cette mission illustre bien l’approche globale de la Chine mêlant science fondamentale et sécurité spatiale.
Vers un système national de défense planétaire
Au-delà de la mission d’impact cinétique, la Chine travaille à bâtir un réseau intégré de surveillance et d’alerte combinant espace et sol. Ce système vise à cataloguer les astéroïdes, évaluer les risques et diffuser rapidement des alertes. Des radars spécifiques et des moyens d’observation spatiaux compléteront ce dispositif, garantissant une veille continue.
L’objectif affiché est d’être prêt à réagir efficacement dès la détection d’une menace, avec un ensemble de plateformes spatiales capables d’intervenir selon différents scénarios. En outre, la Chine prévoit de collaborer à l’échelle internationale pour partager ses données et ses technologies.