À quelques jours de la COP30, le nouveau rapport de l'ONU Environnement dresse un constat alarmant : malgré les objectifs de l'Accord de Paris, la planète se dirige vers un réchauffement de 2,3°C à 2,5°C d'ici 2100.
En cause, des engagements nationaux largement insuffisants, plaçant le sommet de Belém face à une urgence sans précédent pour corriger cette trajectoire périlleuse.
Le cadre avait pourtant été clairement posé par l'Accord de Paris en 2015, au terme de la COP21 : maintenir le réchauffement climatique mondial bien en dessous de 2°C, tout en poursuivant les efforts pour le limiter à 1,5°C.
La clé de voûte de cet édifice repose sur les "contributions déterminées au niveau national" (CDN), des plans d'action que chaque pays doit soumettre. Or, le dernier rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), publié en amont du sommet crucial de Belém, dresse un bilan particulièrement préoccupant de la situation.
Une amélioration en trompe-l'œil
Le rapport chiffre désormais la hausse attendue des températures entre 2,3°C et 2,5°C d'ici la fin du siècle. Si ce chiffre marque une légère inflexion par rapport aux projections de 2,6°C à 2,8°C de l'an dernier, cette apparente progression est à nuancer très fortement.
Elle intègre en effet des changements méthodologiques ainsi que des engagements américains formalisés sous l'administration Biden, aujourd'hui caducs. Le fait est que les nouvelles promesses des États ont à peine fait bouger le curseur.
Le cœur du problème réside dans un flagrant manque d'ambition. Moins d'un tiers des nations ont soumis à temps leurs plans d'action actualisés pour 2035, révélant une inertie collective alors que l'urgence s'intensifie.
Sur la seule base des politiques actuelles, sans même compter sur des promesses futures, le réchauffement pourrait atteindre 2,8°C.
L'objectif de 1,5°C est-il déjà hors de portée ?
Face à cet écart abyssal entre les ambitions et la réalité, l'ONU évoque désormais ouvertement un scénario de "dépassement", où la limite de 1,5°C serait franchie, au moins temporairement.
Pour Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, la situation exige des réductions d'émissions sans précédent, à opérer dans une fenêtre de tir de plus en plus étroite et un contexte géopolitique difficile.
Les chiffres sont sans appel : pour rester sous la barre des 2°C, les émissions mondiales devraient chuter de 35 % d'ici 2035 par rapport à 2019. Pour l'objectif de 1,5°C, cette baisse doit atteindre 55 %.
Les engagements actuels ne permettent d'envisager qu'une modeste réduction d'environ 15 %. Cette trajectoire a d'ailleurs poussé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à concéder que l'objectif de 1,5°C était "sur le point de s'effondrer", appelant à une action radicale pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050.
La COP30, un sommet sous haute tension
Dans ce contexte, la COP30 qui se tiendra à Belém, au Brésil, s'annonce comme un moment de vérité. Les dirigeants mondiaux seront confrontés à leur échec collectif à honorer les engagements pris à Paris.
Le défi est d'autant plus grand que le retrait des États-Unis de l'accord, effectif en 2026, annule à lui seul 0,1°C des progrès comptabilisés par l'ONU. Des organisations comme Greenpeace International appellent à l'adoption d'un plan de réponse mondiale pour accélérer l'action.
La discussion ne porte plus seulement sur la manière de freiner le réchauffement, mais aussi sur la gestion d'un dépassement et sur le recours à des technologies de captage de CO2, aujourd'hui encore marginales et immatures. L'avenir de la stabilité climatique se jouera en grande partie sur les décisions prises au cœur de l'Amazonie.