La course à l’innovation dans les semi-conducteurs s’intensifie entre les grandes puissances mondiales. Les récentes décisions de Washington témoignent d’une préoccupation croissante face à la fuite des technologies IA ultramodernes vers la Chine.
Tandis que les Etats-Unis affinent leur stratégie et bouchent les trous de leur dispositif, des réseaux cachés et des détournements de commandes de puces permettent à la Chine de se fournir partiellement en puces dernier cri.
La Maison Blanche veut empêcher cela, même si les récentes négociations autour des tarifs douaniers et de l'accès aux terres rares a un peu changé la donne, à l'image de l'assouplissement des conditions d'accès aux composants IA Nvidia H20, de nouveau autorisés en Chine.
Pourquoi Washington veut tracer les puces IA
L’administration américaine a annoncé vouloir doter les puces IA – en particulier celles produites par des géants comme Nvidia – de mécanismes de localisation améliorée.
L’objectif affiché est de prévenir le contournement des sanctions et d’empêcher la réexportation vers la Chine, où les autorités investissent massivement dans l’intelligence artificielle.
Michael Kratsios, architecte du plan national américain sur l’IA, affirme que des adaptations logicielles ou matérielles sont envisagées pour garantir la traçabilité des composants après exportation.
Cela concernerait avant tout les produits exportés vers les zones "à risque" avec un suivi logiciel ou matériel intégré au coeur des composants d'intelligence artificielle.
Les discussions, portées jusqu’au Congrès avec l’introduction d’une nouvelle loi, visent à exiger des fabricants qu’ils équipent leurs puces de « mécanismes de vérification de localisation ».
La riposte de Pékin et les tensions autour de Nvidia
Les mesures américaines n’ont pas tardé à provoquer une réaction de Pékin. Les autorités chinoises ont convoqué Nvidia afin d’exprimer leurs inquiétudes quant aux « risques de sécurité » associés au suivi des GPU H20, déjà surveillés pour d’éventuelles portes dérobées.
Nvidia, de son côté, assure qu’aucun mécanisme caché n’est intégré, mais les tensions restent vives. Cette confrontation illustre une rivalité AI grandissante, où chaque acteur craint de perdre la main sur des technologies de rupture.
Huawei Ascend, le concurrent qui pourrait profiter d'un rejet de Nvidia
Derrière la médiatisation, un véritable bras de fer se joue entre contrôle technologique, souveraineté nationale et course à l’innovation. La Chine, bien que freinée par le retard dans la fabrication des puces avancées, multiplie les efforts pour s’affranchir de la dépendance occidentale, notamment à travers ses champions Huawei et SMIC.
Des exportations cachées au vol de technologie
Alors que Washington se focalise sur l’exportation, le cas TSMC révèle une faille d’un autre ordre. Le géant taïwanais vient de licencier plusieurs employés soupçonnés d’avoir tenté de dérober des secrets industriels essentiels à la production de puces 2 nanomètres, destinées à être utilisées dans les appareils du futur. Selon l’enquête, des tentatives d’accès illicite à des données critiques ont été détectées grâce à des protocoles de sécurité internes renforcés.
Ce scandale, traité sous la législation taïwanaise sur la sécurité nationale, intervient alors que TSMC, Samsung, Intel et d’autres s’affrontent pour la maîtrise des procédés les plus avancés.
Une exigence de sécurité contraignante pour les deux parties
En imposant des règles strictes de suivi aux puces d’IA, Washington espère renforcer la protection de ses innovations et garder une longueur d’avance sur ses concurrents. Mais ce choix pourrait entraîner des coûts supplémentaires pour les fabricants et des négociations commerciales plus difficiles.
D’autres Etats, à l’image de Taïwan, se dotent de cadres juridiques plus sévères pour lutter contre l’espionnage industriel et les transferts illicites d’information sensible. L’industrie mondiale doit désormais conjuguer avec une montée en puissance des outils de sécurité, sous la double menace de cyberespionnage et de restrictions commerciales.