Les Etats-Unis cherchent depuis des années à freiner la progression de la Chine dans divers domaines technologiques dont ceux de la production de puces en gravure fine et l'essor de l'intelligence artificielle.

Différentes restrictions empêchent l'exportation des composants IA les plus puissants et imposent des limites dans les capacités de traitement des puces restant autorisées.

Même l'accélérateur IA Nvidia H20, pourtant initialement conçu spécialement pour répondre à ces limitations, s'est vu restreint à l'exportation vers la Chine ces derniers mois.

Pourtant, l'administration Trump vient de faire volte-face en réautorisant la vente aux entreprises chinoises du secteur de l'IA. Pour un pays agrippé au concept de sécurité nationale et après tous les efforts déjà engagés pour freiner l'industrie chinoise, cela peut surprendre.

Les USA ne résistent pas aux terres rares

L'explication est pourtant simple et se résume en deux mots : terres rares (ou bien aimants permanents). En réaction aux restrictions puis à la hausse des tarifs douaniers décrétée par Donald Trump en avril dernier, la Chine a utilisé une riposte qu'elle ménageait jusqu'à présent : fermer l'accès aux terres rares, ces éléments en réalité pas si rares mais dont l'Empire du Milieu est de loin le premier fournisseur mondial, pour les volumes mais aussi pour les techniques d'extraction.

En ciblant particulièrement les éléments utilisés dans l'industrie électronique et ceux ayant des applications militaires, la Chine a créé une belle pagaille dans les chaînes d'approvisionnement occidentales.

intelligence artificielle electricite IA

Mieux, en interrompant la fourniture des éléments jouant le rôle d'aimants permanents utilisés dans de nombreux produits électroniques mais aussi dans les moteurs électriques, elle a pris à la gorge les filières européennes et américaines qui n'avaient que quelques semaines de stock.

De fait, le retour surprise et contre-intuitif dans la logique américaine des exportations de composants IA Nvidia H20 vers la Chine est directement lié à la négociation sur l'accès aux terres rares chinoises.

Le secrétaire d'Etat au commerce Howard Lutnick l'a confirmé à l'agence Reuters, sans donner de précisions sur la nature de l'accord. Oubliées donc les craintes à propos de la sécurité nationale et du risque de voir ces composants être utilisés dans des projets qui pourraient se retourner contre les Etats-Unis plus tard (optimistion des IA chinoises au point de dépasser les modèles d'IA développés aux USA, projets militaires...), place au pragmatisme.

La sécurité nationale devient un sujet secondaire

Ce renversement de position fait des remous tant ches les Démocrates que chez les Républicains, alors qu'il avait été démontré que l'IA chinoise DeepSeek a largement profité des puces Nvidia H20 pour s'imposer, jusqu'à faire de l'ombre aux modèles d'AI américains.

Pour Nvidia, en revanche, c'est la fête. La firme, première au monde à franchir le cap des 4000 milliards de dollars de valorisation boursière, retrouve des débouchés pour ses composants H20 et maintient sa présence en Chine, ce qui peut freiner en retour la montée en puissance des acteurs locaux tels que Huawei et ses composants Ascend.

Logo DeepSeek

C'est peut-être aussi l'une des raisons de cet ajustement : céder un peu sur des valeurs jusqu'alors cardinales pour garder le contact avec le marché chinois et éviter l'émergence d'une concurrence chinoise qui pourrait ensuite conquérir le monde en jouant sur les prix, comme peut déjà le faire DeepSeek.

Nvidia n'est pas seule à y gagner dans cette affaire. Le groupe AMD a déjà annoncé avoir demandé des licences à l'exportation pour son propre composant IA Instinct MI308.

Les deux entreprises ont vu leur cours en Bourse bondir à l'annonce de la reprise des exportations des composants IA vers la Chine. Pendant ce temps, l'Europe, qui espérait profiter des tensions entre les deux superpuissances pour instaurer un approvisionnement privilégié d'aimants permanents, se retrouve reléguée au second plan.

Source : Reuters