Acteur incontournable de l’innovation technologique, TSMC est confronté à un dossier sensible : la fuite potentielle de secrets sur sa fabrication des puces 2 nanomètres, considérées comme le nec plus ultra de la microélectronique.

Détectée grâce à des systèmes de surveillance internes, cette affaire met en lumière la pression extrême qui règne sur un secteur stratégique, entre batailles de propriété intellectuelle et enjeux de sécurité nationale. 

En tant que leader de son secteur, le fondeur est particulièrement confronté au risque de vol de secrets industriels et doit régulièrement se prémunir contre des fuites et des agissements frauduleux.

TSMC et la surveillance proactive : comment la fuite a été identifiée

Lundi 5 août, le géant taïwanais TSMC a révélé avoir mis au jour des « activités non autorisées » dans ses propres rangs. Ce dispositif de surveillance, décrit comme « complet et robuste », a permis de réagir rapidement face à une menace directe sur ses actifs immatériels.

La révélation de cette potentielle fuite intervient alors que la production de masse de la technologie 2 nm n'est qu'à ses débuts, attisant toutes les convoitises. Les premières puces seront produites cette année, principalement pour le compte d'Apple qui préempte les premiers volumes.

TSMC roadmap gravure puces

TSMC : une roadmap qui attise la convoitise

Dans un communiqué relayé par la presse internationale, la firme indique que « TSMC veille à appliquer une politique de tolérance zéro face à toute action susceptible de compromettre la protection de ses secrets industriels ou de porter atteinte à ses intérêts ».

Encadré par une législation nationale renforcée, le domaine des semi-conducteurs étant d'importance stratégique nationale, le système de veille interne se donne pour mission première la défense de ce qui constitue le cœur de son avance technologique.

Brûler les étapes en volant les secrets industriels

Le cœur de l’affaire porte sur la copie ou la tentative d’acquisition d’informations confidentielles touchant au processus de conception et de fabrication des puces 2 nanomètres (nm).

Ce segment, en passe de devenir la référence en matière de circuits intégrés, se distingue par son extrême complexité, sa valeur stratégique, mais surtout par le nombre réduit d’acteurs internationaux capables de s’y aventurer.

Elle permettra de poursuivre la miniaturisation des composants tout en améliorant leurs performances, de qualités qui intéressent de nombreux domaines, du smartphone aux accélérateurs IA en passant par les processeurs pour serveurs et supercalculateurs.

TSMC gravure

Les fuites suspectées concernent d’anciens salariés qui, encore en poste, auraient cherché à accéder à des données critiques liées à ce procédé ultra-avancé.

Avec une telle technologie couverte par la loi taïwanaise sur la sécurité nationale — qui protège la propriété intellectuelle considérée comme essentielle pour la souveraineté industrielle — la moindre brèche peut avoir des répercussions internationales, notamment en raison de possibles transferts vers des concurrents étrangers.

Réaction immédiate : licenciements, poursuites et enjeux pour la filière

Face à la découverte, la riposte de TSMC a été sans équivoque. Plusieurs employés impliqués dans la suspicion de fuite ont été licenciés. Parallèlement, des procédures judiciaires ont été lancées, une première pour une affaire de ce type dans l’application de la National Security Act amendée en 2022. « De tels manquements sont systématiquement traités jusqu'à la pleine application de la loi », souligne un porte-parole de l'entreprise.

Les détails techniques des fuites n’ont pas été précisés, contexte judiciaire oblige. Un point reste en suspens : la destination finale de ces données sensibles — sont-elles déjà parvenues à l’extérieur de l’entreprise ou d’autres collaborateurs sont-ils impliqués ?

L’enquête du parquet taïwanais se poursuit dans une optique d’identifier toute faille risquant de profiter à la concurrence directe dans la fabrication des dispositifs ultra-miniaturisés.

Quelles conséquences pour TSMC et toute l’industrie du semi-conducteur ?

Pour TSMC, l’impact de cette révélation dépasse la sphère de la gestion interne. Leader mondial, le groupe fabrique chaque année près de 17 millions de galettes de silicium, au service d’acteurs majeurs comme Apple, Nvidia, Qualcomm ou Google.

Toute faille susceptible de perturber la confidentialité de son outil productif peut fragiliser une chaîne d’approvisionnement déjà très tendue du fait des tensions géopolitiques mondiales.

Reste que depuis l’annonce, la valorisation boursière et la confiance de la clientèle TSMC sont demeurées stables. L’entreprise a affiché une hausse des profits nette sur le second trimestre 2025, portée par la forte demande en intelligence artificielle et calcul haute performance.

De quoi rassurer, pour l’heure, sur la robustesse de son modèle. Mais l’évolution des investigations, et surtout la potentielle révélation d’un transfert externe, pourraient rebattre les cartes rapidement dans un secteur où l’avance ne tient qu’à quelques nanomètres.