Les Etats-Unis, tout à leur démonstration de force en matière d'intelligence artificielle avec des dizaines de milliards de dollars d'investissement dans les infrastructures en janvier, ont eu la surprise de découvrir DeepSeek, une intelligence artificielle chinoise promettant de faire (presque) aussi bien que les grands modèles d'IA américains mais avec beaucoup moins de moyens et pour une fraction du coût.
DeepSeek n'était pas tout à fait un inconnu mais l'utilisation d'algorithmes d'optimisation et un soupçon de distillation semblent avoir produit des résultats très encourageants qui ont porté un coup aux valorisations des géants américains de l'IA tout en réveillant l'espoir que les jeux ne sont pas encore faits à leur seul profit.
Toutefois, des doutes ont rapidement émergé concernant l'infrastructure qui permet de faire fonctionner le modèle d'IA et l'utilisation des données entrées en requêtes.
Si les critiques étaient plus ou moins voilées jusqu'à présent, le gouvernement américain se fait plus menaçant en affirmant que la startup DeepSeek, à l'origine du modèle d'IA, a partagé des données des utilisateurs avec l'armée chinoise et ses services de renseignement.
Elle aurait également utilisé des sociétés-écran en Asie pour se fournir en composants IA américains haut de gamme normalement soumis à embargo. Autant d'arguments utilisés pour démontrer que les performances des IA chinoises sont exagérées et qu'elles ne peuvent pas exister sans des composants occidentaux, relève l'agence Reuters.
Des liens avec l'armée chinoise, des accès cachés aux puces américaines
DeepSeek fournirait ainsi des données et des statistiques sur les utilisateurs au gouvernement chinois. Cet aspect avait déjà été évoqué avec la détection de transmissions non documentées vers des serveurs chinois, en particulier ceux appartenant à l'opérateur China Mobile.
C'est vrai pour les utilisateurs chinois mais aussi pour les utilisateurs à l'étranger, et en particulier pour ceux situés aux Etats-Unis, ce que le gouvernement américain n'accepte pas.
DeepSeek aurait par ailleurs obtenu de grands volumes de composants IA Nvidia H100 via des entreprises intermédiaires situées en Asie du Sud-Est. Les Etats-Unis ont déjà accusé le groupe Huawei d'avoir un réseau de sociétés-écran pour s'approvisionner en puces soumises à embargo et la startup IA ferait donc de même.
Une partie des mesures récentes prises par les Etats-Unis ont justement cherché à boucher ces trous dans la raquette de l'embargo des puces avancées visant la Chine en renforçant les contrôles et en ajoutant des entreprises sur liste noire.
Comment verrouiller les failles dans l'embargo
Ces accusations se précisent alors que les modèles DeepSeek-V3 et DeepSeek-R1 obtiennent des résultats remarquables et proches des modèles d'IA de Google, Meta et OpenAI.
Tout en essayant d'acquérir directement des composants IA avancés, les entreprises IA chinoises peuvent aussi tenter d'accéder aux clusters de GPU à distance via les infrastructures cloud des géants du Web pour entraîner leurs modèles.
Des restrictions sont là encore en place mais il ne serait pas si compliqué de contourner les protections avec l'aide de sociétés peu regardantes ou trompées sur l'objet réel des requêtes.