Le Sommet sur l'Intelligence artificielle organisé à Paris veut démontrer que l'Europe a aussi son mot à dire dans ce domaine très prisé et porteur de transformations à venir ou déjà là qui modifieront notre rapport au travail.
Comme aux Etats-Unis, il est question de gros investissements pour financer des infrastructures et tous les champions de l'IA sont réunis pour exprimer leur vision pour l'intelligence artificielle.
Si les Etats-Unis ont frappé fort avec des annonces lors de l'investiture de Donald Trump, dont le fameux projet Stargate aux 500 milliards de dollars avec OpenAI, la sensation est aussi venue d'Asie avec le lancement de l'IA chinoise DeepSeek qui a semblé à son lancement fracasser le modèle économique en proposant une intelligence artificielle générative très performante pour une fraction du coût des IA du marché.
Le marché en a subi le contre-coup, perdant 1000 milliards de dollars en quelques heures, mais les petits secrets de DeepSeek sont en train d'être décortiqués et racontent une autre histoire que celle de l'IA à très bas coût sortie de nulle part.
DeepSeek, overhype ou hype over ?
Demis Hassabis, CEO de Google DeepMind, s'est exprimé sur le sujet dans le cadre du Mondial de l'Intelligence en soulignant que DeepSeek est sans doute la meilleure production IA proposée par la Chine jusqu'à présent mais qu'il y a peut-être eu un peu trop d'enthousiasme irraisonné à son lancement.
Du point de vue technique, DeepSeek ne révolutionnerait rien. Pour Hassabis, toutes les technologies utilisées par l'IA chinoise sont déjà connues même si elles sont habilement utilisées ici.
Il assure cepednant que les modèles d'IA Gemini 2.0 Flash lancés il y a quelques jours restent plus efficaces techniquement que ceux de DeepSeek. Il ne se prononce pas sur la question du coût, qui a fait chavirer les cours en Bourse des champions de l'IA mais les premières études semblent démontrer qu'il y a anguille sous roche.
Demis Hassabis s'est plutôt exprimé sur un autre sujet qui obsède les acteurs de l'intelligence artificielle : l'avènement d'une AGI ou intelligence artificielle générale qui surpasserait l'esprit humain sur tous les plans.
Il confirme que c'est un objectif majeur pour le secteur et que les progrès sont patents, ce qui laisse envisager son émergence dans les cinq ans à venir. Il semble donc entrevoir cette possibilité d'ici 2030 ou un peu avant, tout comme l'estimait il y a peu le CEO d'Anthropic en évoquant une première forme d'IA supérieure dès 2027, sans doute à chercher du côté de modèles MoE (Mixture of Experts) particulièrement efficaces.
L'AGI, un objectif maîtrisé ?
S'il anticipe des effets bénéfiques, il avertit également qu'il faut que la société dans son ensemble se prépare à cette éventualité et en comprenne les implications pour en tirer les bénéfices tout en limitant les risques potentiels.
Elément intéressant, Demis Hassabis note que la compréhension de la façon de créer une AGI reste conforme aux attentes, suggérant qu'il ne s'agit pas d'un saut dans l'inconnu et qu'il y a matière à pouvoir la contrôler, à défaut d'en maîtriser toutes les conséquences.
Perdre le contrôle de l'AGI une fois qu'elle sera créée est l'une des craintes régulièrement débattues et qui pourrait aller jusqu'à menacer l'humanité dans les scénarios les plus négatifs, en entrant par exemple en concurrence sur les ressources.