Alors qu'en novembre dernier, la Commission fédérale des communications (FCC) préparait le terrain juridique en s'octroyant le pouvoir de bannir rétroactivement des appareils utilisant des radiofréquences, la menace est devenue réalité : l'interdiction de l'importation et de la vente de « tous les nouveaux drones et composants critiques fabriqués dans un pays étranger » vient d'être officialisée. Si la mesure se veut générale, elle vise sans ambiguïté les leaders du marché, les entreprises chinoises SZ DJI Technology et Autel Robotics. Cette action s'inscrit dans une politique américaine de plus en plus ferme visant à limiter l'influence technologique de Pékin sur son sol, invoquant des risques pour la sécurité nationale.
Quels sont les risques invoqués par Washington ?
Depuis 2017, les autorités américaines expriment des craintes grandissantes concernant les appareils d'origine chinoise. Washington soupçonne Pékin de pouvoir accéder aux données sensibles collectées par ces aéronefs, notamment lorsqu'ils sont utilisés pour surveiller des infrastructures critiques comme les barrages ou les réseaux électriques. Le ministère de la Défense a même qualifié DJI d'« entreprise militaire chinoise » en 2022.
La décision de la FCC ferait suite à une étude commandée par la Maison Blanche. Selon plusieurs médias, ce rapport aurait conclu que les drones étrangers présentaient des « risques inacceptables » en matière de « surveillance non autorisée, d'exfiltration de données » et de vulnérabilités dans la chaîne d'approvisionnement. Ces appareils sont ainsi ajoutés à la « Covered List », qui recense les équipements jugés menaçants pour la sécurité des États-Unis.
Quel est l'impact concret pour les utilisateurs américains ?
L'annonce a provoqué une onde de choc parmi les quelque 500 000 pilotes de drones commerciaux aux États-Unis. Et pour cause, le fabricant DJI domine outrageusement le marché américain, représentant entre 70 % et 90 % des appareils utilisés par les professionnels et les amateurs. Bien que la FCC dispose désormais du pouvoir d'interdire d'anciens modèles, elle a précisé que la mesure actuelle n'est pas appliquée de manière rétroactive aux utilisateurs finaux. Cela signifie que les appareils déjà en circulation ne sont pas saisis et peuvent continuer à voler.
Cependant, une certaine panique s'est emparée des professionnels qui dépendent de cette technologie pour leur activité. Certains, comme des superviseurs de chantiers solaires, se sont empressés de faire des stocks d'appareils, de batteries et de pièces détachées. La principale critique des utilisateurs est l'absence d'alternative crédible : les produits DJI sont plébiscités pour leur performance, leur disponibilité et leur prix abordable.
Comment réagissent les fabricants et Pékin ?
DJI a rapidement exprimé sa « déception » face à une décision qu'elle juge infondée. L'entreprise chinoise martèle que ses produits sont parmi les plus sûrs du marché, citant des années d'audits indépendants et gouvernementaux. Le fabricant rappelle que ses drones peuvent fonctionner sans connexion internet et que les données sont stockées localement par défaut.
Pour DJI, ces préoccupations sécuritaires masquent une simple manœuvre « protectionniste », contraire aux principes d'un marché ouvert. Une vision partagée par la Chine, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, qui a qualifié la mesure de « discriminatoire ». Pékin demande aux États-Unis de garantir un environnement commercial « équitable » et juste pour ses entreprises.