Elon Musk vient d’annoncer une nouvelle entreprise baptisée Macrohard, dont le nom seul représente déjà une pique bien assumée contre Microsoft. Son intention est de reprendre les grands logiciels de la firme de Redmond et les réinventer grâce à l’intelligence artificielle.

L'intelligence artificielle se faufile partout et les IA agentiques permettent de mener à bien des tâches complexes. L'heure est-elle venue de repenser les grands classiques de l'informatique en tentant de faire de l'ombre à la firme cofondée par Bill Gates en la tournant vaguement en ridicule ?

Plus largement, c'est la place des éditeurs de logiciels et de système d'exploitation qui pourrait se voir remise en cause par les nouveaux venus du marché de l'intelligence artificielle.

Un nom choisi comme provocation envers Microsoft

Le nom Macrohard n’est pas anodin. En le présentant, Musk a confirmé qu’il s’agit d’un clin d’œil ironique à Microsoft, dont le nom original signifiait “micro-ordinateur software”.

L’homme derrière Tesla et SpaceX assume d’ailleurs totalement cette approche, qu’il décrit comme un moyen de souligner les limites des logiciels historiques par rapport aux possibilités actuelles de l’IA. Du Elon Musk tout craché.

L’annonce a immédiatement attiré l’attention, car elle s’inscrit dans une longue tradition de provocations de Musk envers les géants de la tech. « Nous pouvons faire mieux que Word, Excel et PowerPoint en s’appuyant sur des modèles d’intelligence artificielle avancés », aurait-il indiqué. Le message envoyé est limpide : les outils omniprésents dans le monde professionnel pourraient être sérieusement remis en question.

Une offre tournée vers les logiciels les plus utilisés

Si la startup cible Microsoft, c’est parce que ses produits phares restent incontournables. Les outils Word, Excel et Outlook sont utilisés quotidiennement par des millions d’utilisateurs dans le monde.

Macrohard ambitionne de développer une suite capable d’intégrer directement des systèmes d'IA générative afin de simplifier la rédaction, l’analyse de données ou encore la gestion des emails.

Contrairement aux solutions actuelles qui ajoutent l’IA par couches successives, l’idée serait d’avoir des outils créés autour de l’IA dès le départ. Ce positionnement pourrait séduire une génération d’entreprises cherchant à réduire le temps passé sur des tâches répétitives.

Pour certains observateurs, Musk réactive ainsi un vieux rêve : renouveler en profondeur la manière de travailler au quotidien grâce au numérique, avec des outils adaptés et faisant gagner du temps grâce à l'IA.

Une rivalité directe entre Musk et les acteurs établis

Elon Musk met aussi en évidence le rapport de force qui oppose les nouveaux acteurs à l’influence des sociétés déjà installées. Microsoft occupe une position dominante depuis les années 1990, et son partenariat étroit avec OpenAI a renforcé son image de pionnier dans l’intégration de l’intelligence artificielle.

Le fait que Musk ait quitté le conseil d’OpenAI en 2018 pour divergences stratégiques ajoute une dimension supplémentaire à ce duel. Aujourd’hui, en lançant Macrohard, il se replace dans l’arène avec une offre qui s’oppose frontalement à son ancien allié devenu concurrent.

Une nouvelle fois, on remarque que l'action d'Elon Musk est modulée par la présence d'OpenAI, entreprise qu'il vise régulièrement par ses piques et ses procédures judiciaires, tout comme son CEO Sam Altman, pour lequel l'inimitié reste forte.

Quels impacts possibles sur le secteur de la bureautique ?

La promesse de Macrohard soulève plusieurs interrogations. D’un côté, les utilisateurs pourraient bénéficier d’alternatives plus souples, aux fonctionnalités basées sur l’assistance intelligente en continu.

D’un autre côté, la transition ne sera pas simple, car les habitudes de travail sont ancrées et les entreprises investissent lourdement dans l’écosystème Microsoft. On peut toujours imaginer une adoption rapide par les startups et indépendants, sensibles à l’innovation et à la réduction de tâches administratives mais aussi potentiellement une résistance accrue dans les grandes entreprises, plus liées aux structures certifiées de Microsoft et à l’intégration de ses services cloud.

Pour Musk, l’enjeu est donc de réussir à convaincre au-delà de l’effet d’annonce. Si la vision d’un environnement bureautique construit autour de modèles d’IA tient ses promesses, la donne pourrait changer rapidement. Sinon, Macrohard risque de rester perçu comme une simple provocation contre Microsoft.

Un projet au croisement de l’innovation et du défi géopolitique

En lançant Macrohard, Elon Musk pose aussi une question plus large : qui contrôlera les prochains standards de l’intelligence artificielle ? Les États-Unis, déjà dominés par Microsoft et Google, ou de nouveaux venus capables de bousculer ces équilibres ?

Dans cette bataille, il faudra surveiller la capacité de Musk à mobiliser sa communauté et ses ressources financières. Il a déjà démontré dans d’autres domaines, avec Tesla pour l’automobile électrique ou SpaceX pour la conquête spatiale, qu’un outsider pouvait imposer de nouveaux modèles. Macrohard pourrait être son prochain pari dans un secteur qui touche directement au quotidien des travailleurs du monde entier.

Plus largement, on observe une tendance lourde à tenter d'imposer l'IA à de larges communautés ou industries en vue de prendre l'ascendant par rapport aux autre modèles d'IA concurrents.

Entre les offres d'IA à destination des agences gouvernementales américaines proposées pour presque rien et le projet d'OpenAI d'offrir ChatGPT Plus gratuitement à tous les citoyens britanniques, il existe clairement des efforts pour tenter de gagner une masse critique qui fera d'un modèle d'IA la référence qui écrasera toutes les autres. Et à ce jeu, tous les coups sont permis.