Les services de renseignement britanniques, par la voix du MI5, ont émis une alerte sans précédent à l'attention des parlementaires et du personnel politique.

L'objet de cette mise en garde : une campagne d'espionnage sophistiquée et calculée, orchestrée par les services secrets chinois, qui utiliserait le réseau social professionnel LinkedIn comme principal terrain de chasse.

Des "chasseurs de têtes" au service de Pékin

Au cœur du dispositif se trouveraient des agents du ministère de la Sécurité d'État (MSS) chinois, agissant sous la couverture de recruteurs. L'alerte, relayée par le président de la Chambre des communes, Sir Lindsay Hoyle, identifie nommément deux profils, ceux d'Amanda Qiu de BR-YR Executive Search et de Shirly Shen d'Internship Union.

LinkedIn

Ces derniers mèneraient une "approche à grande échelle" pour établir le contact avec des cibles de choix : parlementaires, personnel politique, économistes, ou encore membres de think tanks.

L'objectif de cet espionnage n'est pas toujours l'obtention immédiate de secrets d'État, mais plutôt de "jeter les bases de relations à long terme" et de recueillir des "informations d'initiés".

Le mode opératoire inclut des propositions de voyages tous frais payés en Chine ou des paiements en cash et cryptomonnaies pour des informations jugées utiles, même si elles semblent anodines de prime abord.

Quelle est la riposte du gouvernement britannique ?

Face à cette menace, le ministre de la Sécurité, Dan Jarvis, a fermement réagi devant les Communes, affirmant que le gouvernement ne tolérerait pas cette "tentative secrète et calculée d'une puissance étrangère d'interférer dans nos affaires souveraines".

Reseau Chine

Un plan d'action contre l'ingérence politique et l'espionnage verra le jour, incluant des briefings de sécurité pour tous les partis politiques. Le gouvernement va également investir massivement, avec 170 millions de livres sterling dédiés à la modernisation des technologies de communication chiffrées et 130 millions supplémentaires pour renforcer les capacités de la police antiterroriste.

Malgré ces tensions, Dan Jarvis a rappelé que la Chine restait le troisième partenaire commercial du pays, soulignant la complexité de la relation entre Londres et Pékin.

Un contexte de méfiance et de débats internes

Cette alerte intervient dans un climat déjà tendu, marqué par l'effondrement récent d'un procès contre deux hommes accusés d'espionnage pour la Chine. L'affaire avait soulevé des questions sur la volonté réelle du gouvernement de confronter Pékin.

La pression monte désormais pour que l'exécutif durcisse le ton. La députée conservatrice Alicia Kearns a ainsi exhorté le gouvernement à placer la Chine sur la liste des menaces de premier plan du Foreign Influence Registration Scheme (FIRS), au même titre que la Russie et l'Iran.

Une telle classification obligerait toute personne travaillant pour des entités chinoises à déclarer ses activités. Pour l'heure, le gouvernement se contente de qualifier la Chine de "défi" plutôt que de "menace", une prudence sémantique jugée insuffisante par certains. La sécurité nationale est au centre d'un débat qui divise la classe politique.

Alors que le Royaume-Uni renforce son arsenal de contre-espionnage, la question de la posture à adopter face à Pékin reste entière. Entre la nécessité de protéger sa souveraineté et les réalités d'un partenariat commercial majeur, le gouvernement marche sur une ligne de crête. La décision de classer ou non la Chine comme une menace de premier plan sera le prochain test crucial de cette délicate stratégie.