Début avril, Donald Trump a annoncé une hausse des tarifs douaniers avec des tarifs variables selon les pays concernés. Cette décision a plongé les places boursières dans le chaos avant une reprise après la mise en pause de cette initiative.
Sauf pour la Chine qui n'a pas voulu céder et se voit infliger des hausses de tarifs douaniers de 145% sur ses produits, elle-même ayant répliqué en taxant à 125% les produits importés des USA.
En annonçant une exemption sur les smartphones et les PC, essentiellement produits en Chine, transformée quelques heures plus tard en hausse des tarifs douaniers de 20%, l'administration Trump a fait un geste pour son propre marché, menacé de hausses de prix conséquentes sur ces produits peu dispensables.
Les terres rares, levier économique majeur chinois
De son côté, la Chine continue de dérouler ses mesures en annonçant la suspension de ses exportations des terres rares. Ces ressources, pas si rares en réalité mais très largement extraites et raffinées dans le pays (les terres rares chinoises alimentent 90% du marché mondial), sont utilisées dans de nombreux domaines dont beaucoup relatifs au secteur de l'électronique.
La modulation des exportations de terres rares a éé l'un des outils favoris de la Chine pour régler les litiges économiques adressés à l'OMC (Organisation Mondiale du Commerce), ce dont se sont régulièrement plaints les Etats-Unis.
Alors que la bataille économique se durcit entre les deux puissances, la Chine n'a guère de scrupules à réutiliser l'argument des terres rares contre son rival. Les Etats-Unis comptent à eux seuls pour plus de 16% des exportations chinoises de terres rares pour une valeur de 500 milliards de dollars et la mesure risque d'avoir des conséquences sur divers secteurs, dont celui de l'automobile qui en a besoin pour les composants électroniques des véhicules.
L'industrie automobile américaine, que Donald Trump comptait sauver en imposant des droits de douane élevés sur les voitures importées, risque de se retrouver prise au piège de pénuries de composants.
Même chose pour le secteur de l'aérospatial, très friand de minéraux stratégiques, à un moment où la Chine monte rapidement en puissance sur les missions spatiales et l'occupation de l'espace terrestre proche.
La Chine, incontournable dans les matières premières
Le gouvernement chinois a longtemps répondu seulement en paroles aux mesures de restriction américaines qui l'empêchent d'accéder aux dernières techniques de gravure et aux productions des grands fondeurs internationaux.
Depuis deux ans, elle a commencé à réagir en limitant les exportations mais aussi l'accès aux techniques d'extraction et de raffinage de plusieurs ressources stratégiques : gallium, germanium, lithium, graphite naturel et synthétique mais aussi antimoine et tungstène, utilisés aussi pour des composants électroniques militaires de haute puissance et pour renforcer des munitions.
Pour toutes ces matières premières critiques, il faudra monter des filières alternatives et relancer l'exploitation de gisements, parfois de réserve stratégique, ce qui prendra des années, ou trouver des solutions techniques pour contourner les limitations d'approvisionnement, comme le développement de composants reposant sur du diamant artificiel et du nitrure d'aluminium pour remplacer le gallium. Mais là encore, plusieurs années de développement seront nécessaires.