Après le fusil laser en avril dernier, le ministère des Armées a officialisé ce jeudi 4 septembre une commande attendue, marquant une nouvelle étape pour la souveraineté technologique française. Un démonstrateur de système d'arme laser, baptisé Syderal (Système Laser de Défense de Nouvelle Génération), a été commandé par la DGA. L'objectif est de développer une capacité de destruction de menaces aériennes à courte portée, avec une mise en service dans les forces armées prévue à l'horizon 2030.

Syderal, une arme laser souveraine

Ce projet ambitieux est confié à un consortium français réunissant les poids lourds du secteur de la défense : MBDA, Safran Electronics and Defense, Thales et CILAS, cette dernière étant une société spécialisée dans les lasers. Leur mission est de créer une arme capable de neutraliser physiquement une large gamme de cibles par concentration d'énergie. Les menaces visées incluent :

  • Les drones tactiques,
  • Les roquettes et obus de mortier,
  • Les munitions téléopérées.

D'une puissance de plusieurs dizaines de kilowatts, le système Syderal se veut relativement compact au regard de sa puissance. Son architecture modulaire permettra de faire évoluer sa puissance pour répondre aux futurs besoins. Conçu pour être utilisable de jour comme de nuit, il représente une réponse entièrement française aux nouveaux défis des champs de bataille.

Vue d'artiste du système laser Syderal
Crédits : ministère des Armées

Une technologie de rupture

L'efficacité promise de Syderal repose sur plusieurs innovations de pointe qui le différencieront des systèmes existants. Le secret de sa performance réside dans la combinaison de multiples technologies complexes. Le système intègre notamment un suivi vidéo automatique de très haute précision pour verrouiller sa cible en temps réel.

De plus, il sera doté d'une optique adaptative capable de compenser les perturbations atmosphériques, qui peuvent déformer ou affaiblir un faisceau laser sur une longue distance. Enfin, sa puissance phénoménale sera atteinte grâce à la combinaison de multiples faisceaux laser, une technique qui permet de multiplier l'énergie concentrée sur un point précis jusqu'à la destruction de la cible.

Déjà une solide expérience française

L'arrivée du programme Syderal ne sort pas de nulle part. La France, et particulièrement l'entreprise orléanaise Cilas, possède déjà une expertise reconnue dans le domaine. Le système HELMA-P, un prédécesseur moins puissant, a déjà fait ses preuves à plusieurs reprises. Il a notamment été testé avec succès à bord d'une frégate de la Marine nationale en 2023, démontrant sa capacité à atteindre des cibles à un kilomètre avec un taux de réussite revendiqué de 100 %.

Plus récemment, le système HELMA-P a été intégré au dispositif de lutte anti-drones lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, illustrant la maturité de cette technologie. Syderal constitue donc la prochaine étape logique, une montée en puissance inscrite dans la Loi de Programmation Militaire 2024-2030.

Laser HELMA-P
Crédits : ministère des Armées

Une course mondiale à l'armement laser

Le développement de Syderal s'inscrit dans un contexte international de compétition technologique. Les grandes puissances militaires travaillent activement sur des armes à énergie dirigée. La Chine a récemment présenté son système LY-1, qu'elle décrit comme le plus puissant au monde, tandis que les États-Unis multiplient les essais au sein de l'US Army et de l'US Navy.

Avec Syderal, la France se positionne clairement en pointe de cette course à l'armement. Le démonstrateur actuel n'est qu'une première marche. Les ingénieurs préparent déjà l'avenir, avec pour objectif de développer des lasers encore plus puissants, capables de faire face à des menaces aériennes plus complexes comme les missiles supersoniques.