Le Golden Dome, annoncé par Donald Trump en mai 2025, fait trembler autant qu’il intrigue le secteur de la défense. Depuis la fuite de plusieurs documents et la dernière présentation confidentielle du Pentagone, les contours d’une architecture défensive ultra-moderne se dessinent pour l’Amérique et, potentiellement, le Canada.

Mais derrière les promesses, la réalité technique et le calendrier font naître des interrogations légitimes, alors que les grandes entreprises et les stratèges militaires s’agitent pour se positionner.

Un projet à la frontière de la science-fiction : quatre couches pour viser l’invulnérabilité

Le Golden Dome entend établir une défense à quatre niveaux pour contrer les missiles balistiques les plus sophistiqués, même ceux lancés depuis l’autre bout du globe.

Un niveau — inédit — sera situé dans l’espace pour assurer la détection, le suivi et l’interception précoce des menaces. Selon les documents internes, cette couche spatiale devrait inclure des satellites capables de traquer et, peut-être, d’engager des missiles en phase ascendante, là où ils sont encore vulnérables.

L’architecture terrestre reposera quant à elle sur trois niveaux :

  • Des radars et capteurs dernier cri interconnectés pour alerter et orienter les défenses

  • Des batteries de missiles comprenant le Next Generation Interceptor (NGI), le THAAD d’Aegis, de nouveaux lanceurs “communs” et le système Patriot

  • Un champ de missiles supplémentaire prévu au Midwest, venant compléter les bases du Ground-Based Midcourse Defense (GMD) en Californie et en Alaska, déjà en place pour intercepter les missiles au milieu de leur trajectoire.

Cette coordination inédite des moyens veut rendre l’ensemble du territoire imperméable aux attaques massives, en réponse à l’évolution rapide des capacités hypersoniques étrangères.

Le rôle pivot de l’intelligence artificielle pour sauver des secondes décisives

Au cœur du Golden Dome, l'intégration de l’intelligence artificielle n’est pas qu’une prouesse technologique, c’est une nécessité opérationnelle. L’augmentation du nombre de missiles à traiter exige une rapidité de tri et d’engagement impossible à obtenir manuellement : “Au lieu de gérer quelques missiles, il s’agira bientôt de centaines. L’IA permettra un tri et une réaction quasi instantanés face aux volumes inédits de menaces”, résume un participant à la dernière réunion technique.

Le concept “AI-Enabled Fire Control” promet de transférer progressivement certaines tâches critiques de l’humain vers la machine, avec une supervision humaine en support.

En logistique aussi, cette automatisation devrait permettre une gestion continue des munitions et ressources : “Le ravitaillement et la maintenance doivent suivre le rythme d’un conflit moderne. L’IA peut anticiper et réagir avant même la sollicitation humaine”, explique un représentant de la Space Force.

L’intégration et la coordination entre tous les capteurs et systèmes restent toutefois le défi majeur, avec le besoin d’une “fusion des données” sur tous les fronts — terrestre et spatial.

Un test grandeur nature annoncé en 2028 et des partenaires inattendus

Le Pentagone vise un premier test majeur en fin 2028, à l’approche de la présidentielle, impliquant capteurs, missiles et satellites du Golden Dome. Mais des sources indiquent que le calendrier paraît “ambitieux” au vu de la complexité technique : “Beaucoup d’argent pourrait être investi sans certitude de résultat”, confie un responsable de la défense.

L’implication du Canada a été confirmée — Ottawa ayant levé ses barrières en juillet lors d’une visite au NORAD. Si le volet financier reste flou, Trump a déclaré que le Canada pourrait rejoindre le programme sans frais… en échange d’une intégration sur le plan institutionnel.

À noter, l’absence d’Elon Musk et de SpaceX dans les derniers plans, malgré leur domination dans le domaine spatial. Les constructeurs traditionnels comme Lockheed Martin, Northrop Grumman et Boeing se positionnent quant à eux en partenaires prioritaires, tandis que la configuration industrielle du secteur pourrait profondément évoluer.

Transparence et scepticisme : entre secret et débat public

La communication du Pentagone et de l’administration Trump sur le Golden Dome demeure exceptionnellement verrouillée. Les panels techniques restent fermés à la presse, les symposiums évitent d’aborder le sujet en plénière.

Les experts pointent le risque de surenchère budgétaire, le flou sur les performances réelles, ainsi que les enjeux sur l’équilibre nucléaire mondial. La course à l’innovation et à la protection nationale se joue désormais aussi sur le terrain du débat citoyen et de la gouvernance, alors que la pression géopolitique augmente.