La saga judiciaire entre Google et Epic Games, l'éditeur de Fortnite, vient d'atteindre son apogée. Condamné pour pratiques anticoncurrentielles et après avoir épuisé ses recours en appel, Google a joué sa dernière carte en s'adressant à la plus haute juridiction américaine, la Cour Suprême.

L'objectif : obtenir un sursis et geler une ordonnance judiciaire qui, si elle est appliquée, forcera l'entreprise à ouvrir son très lucratif Play Store à la concurrence, une perspective que la firme de Mountain View qualifie de cataclysmique pour la sécurité et la stabilité d'Android.

Pourquoi Google tente-t-il ce recours de la dernière chance ?

Après avoir été reconnu coupable de monopole illégal par un jury en 2023, puis débouté en appel, Google est dos au mur. L'entreprise cherche désespérément à gagner du temps. Ses avocats ont demandé à la Cour Suprême de suspendre l'application de l'injonction avant le 17 octobre, le temps de préparer un appel complet sur le fond.

Pour justifier cette demande, Google agite l'épouvantail de la sécurité, arguant que l'ouverture forcée de son écosystème exposerait plus de 100 millions d'utilisateurs américains à des "risques importants" et causerait un "préjudice à sa réputation".

Qu'est-ce que l'injonction de la justice changerait concrètement ?

La décision du juge James Donato est une véritable bombe pour le modèle économique de Google. Si elle est appliquée, elle obligerait l'entreprise à des changements profonds et "inédits" sur son Play Store :

  • Autoriser les boutiques d'applications concurrentes à être téléchargées directement depuis le Play Store.
  • Permettre aux développeurs d'utiliser leurs propres systèmes de facturation, contournant ainsi la commission de Google.
  • Interdire les accords d'exclusivité avec les fabricants de smartphones pour préinstaller le Play Store.

En somme, c'est la fin du jardin fermé sur Android. Pour Epic Games, c'est une "victoire totale" qui promet "plus de choix et des prix plus bas" pour les consommateurs.

Quelles sont les chances de succès pour Google ?

Les chances semblent minces. Les tribunaux inférieurs, y compris la cour d'appel, ont jugé que les arguments de Google sur la sécurité étaient "erronés" et que les preuves des pratiques anticoncurrentielles de l'entreprise étaient accablantes. Epic Games a d'ailleurs qualifié cette nouvelle manœuvre de tentative de "protéger leur contrôle sur les appareils Android".

Cependant, en portant l'affaire devant la plus haute instance judiciaire du pays, Google réussit au moins une chose : ralentir le processus. Chaque mois gagné est une victoire pour préserver un monopole qui lui rapporte des milliards de dollars par an. La décision de la Cour Suprême sur ce sursis est attendue dans les prochaines semaines et sera un indicateur crucial pour l'avenir de la distribution d'applications sur mobile.

Foire Aux Questions (FAQ)

Pourquoi Epic Games a-t-il attaqué Google en justice ?

Epic Games a poursuivi Google (et Apple) en 2020, accusant les deux géants de maintenir un monopole illégal sur leurs boutiques d'applications respectives en imposant leur propre système de paiement et en prélevant une commission jugée excessive (jusqu'à 30%) sur toutes les transactions.

Cette décision de justice affecte-t-elle aussi Apple ?

Non, il s'agit de procès distincts. Bien qu'Epic Games ait également attaqué Apple, l'issue a été différente. Apple a largement gagné son procès aux États-Unis, mais a été contraint d'ouvrir son écosystème en Europe en raison de la nouvelle législation (le DMA).

Quand les changements sur le Play Store pourraient-ils être appliqués ?

Si la Cour Suprême refuse d'accorder un sursis à Google, l'injonction pourrait entrer en vigueur très rapidement. Les deux parties ont rendez-vous avec le juge fin octobre pour discuter des modalités d'application. Cependant, si un sursis est accordé, l'application des changements pourrait être reportée de plusieurs mois, voire plus, le temps que la Cour examine l'appel sur le fond.