Pour assurer la décarbonation de l'industrie, l'une des solutions envisagées s'appuie sur l'essor de l'utilisation de l'hydrogène comme carburant. Ne produisant pas d'émissions polluantes, permettant de recharger instantanément des équipements électriques grâce à des piles à combustible, il est vu comme un atout à développer...si la production et les infrastructure de distribution parviennent à suivre.
Le gouvernement français souhaiterait en faire une alternative solide et a multiplié les déclarations pour tenter de stimuler le secteur. Toutefois, au-delà des effets d'annonce et des subventions déjà distribuées, la réalité se révèle plus compliquée et relève du problème de l'oeuf et de la poule, entre offre et demande ne parvenant pas à s'auto-entretenir.
Objectifs de production revus à la baisse
C'est une difficulté d'amorçage classique d'un marché mais qui nécessite en général un soutien franc des pouvoirs publics pour apporter la visibilité et la confiance nécessaires aux entreprises impliquées.
Pour compliquer le tout, l'effort, pour être cohérent avec la décarbonation, est mis sur la production d'hydrogène bas carbone, et notamment d'hydrogène vert, c'est à dire en utilisant des énergies renouvelables lors du processus d'électrolyse, au lieu d'énergies fossiles (qui donnent de l'hydrogène "gris").
Face aux difficultés rencontrées, le gouvernement est obligé de revoir à la baisse ses objectifs de production d'hydrogène vert : au lieu d'une capacité de production minima à atteindre de 6,5 GW en 2030 et 10 GW en 2035, le cap est désormais modifié : 4,5 GW et 8 GW, pour cause de déploiements retardés et de demande moins forte qu'espérée, indique La Tribune.
Certes, il s'agit plutôt d'orientations pouvant être dépassées si les conditions s'améliorent, veut croire le gouvernement, mais il reste que la filière hydrogène peine à trouver les leviers pouvant assurer sa croissance.
L'hydrogène vert, c'est aussi une question de prix
Pour tenter de relancer la machine, la stratégie nationale prévoit d'apporter un soutien de 4 milliards d'euros sur quinze ans en essayant de rapprocher les prix de l'hydrogène vert de ceux, beaucoup plus bas, de l'hydrogène gris, sur la base de contrats spécifiques avec les fournisseurs.
Chez Airbus, l'avion à hydrogène devra encore patienter plusieurs années
Toutefois, les contraintes budgétaires actuelles rendent difficiles la mise en place d'un soutien massif au secteur. Et si l'Hexagone souhaiterait devenir un grand producteur d'hydrogène et en maîtriser la filière pour des questions de souveraineté, la piste d'une importation d'hydrogène bas carbone reste sur la table si les moyens de production ne parvenaient pas à se renforcer dans les temps.
L'hydrogène parviendra-t-il à remplacer les énergies fossiles dans le transport, l'un des secteurs qui aurait beaucoup à en bénéficier ? Cela reste une possibilité mais peut-être pour les grands moyens (train, avion, navires de transport) plutôt que pour les véhicules particuliers.