À l'approche des élections, les autorités néerlandaises tirent la sonnette d'alarme. Une étude révèle que les chatbots d'IA, loin d'être neutres, orientent les électeurs vers des partis extrêmes, ignorant les préférences réelles et menaçant l'intégrité démocratique. Une mise en garde qui résonne au-delà de leurs frontières.
À quelques jours seulement des élections législatives prévues pour le 29 octobre, un rapport de l'Autorité de protection des données (AP) des Pays-Bas met en lumière une réalité déconcertante.
De plus en plus d'électeurs se tournent vers les chatbots dopés à l'intelligence artificielle pour obtenir des conseils de vote. L'organisme de surveillance a donc mené l'enquête en testant quatre des systèmes les plus populaires, et ses conclusions sont une véritable alerte pour la démocratie.
Une polarisation artificielle des choix
Loin de proposer un panorama équilibré, les résultats de l'étude démontrent un penchant flagrant des IA pour les extrêmes de l'échiquier politique. Le constat est sans appel.
Dans plus de la moitié des cas étudiés, les assistants conversationnels ont suggéré de voter soit pour le Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders, figure de l’extrême droite, soit pour l’alliance Parti travailliste–Gauche verte (PvdA-GL), menée par l’ancien vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans.
Cette tendance s'observe indépendamment des questions ou des préférences soumises par l'utilisateur, créant une vision déformée du paysage politique réel.
Des partis systématiquement invisibilisés
Le phénomène crée une surreprésentation de certains partis et entraîne donc une invisibilisation d'autres formations politiques. En effet, l’Autorité de protection des données révèle que certains partis sont tout simplement passés sous silence.
C’est notamment le cas de l’Appel chrétien-démocrate (CDA), un parti de centre-droit, qui n'est quasiment jamais mentionné, même lorsque les convictions exprimées par l'utilisateur correspondent précisément à son programme.
Monique Verdier, directrice adjointe de l'AP, met en garde : « Les électeurs sont poussés vers un parti qui ne correspond pas nécessairement à leurs opinions politiques », une situation qui « porte directement atteinte à l’un des fondements de la démocratie : l’intégrité d’élections libres et équitables ».
Le fonctionnement opaque de l'IA en cause
L'AP souligne que ces lacunes ne relèvent pas d'une manipulation délibérée, mais découlent de la nature même du fonctionnement de ces technologies.
Contrairement aux outils d’aide au vote traditionnels, qui analysent les programmes officiels des partis, les chatbots s’appuient sur des données d’entraînement non vérifiables et des informations collectées sur Internet, potentiellement obsolètes ou inexactes.
Leur fonctionnement reste flou et difficile à contrôler. Cette mise en garde néerlandaise est un signal fort qui dépasse largement ses frontières, alors que de nombreuses démocraties, comme la France avec ses prochaines élections municipales, devront bientôt faire face à cette nouvelle menace pour l'intégrité du processus électoral.