Le groupe Intel dévoile les détails de ses futures puces Panther Lake (processeurs Intel Core grand public) et Clearwater Forest (processeurs Xeon pour serveurs). Basées sur le nouveau procédé de gravure 18A et produites aux États-Unis, elles incarnent la stratégie du géant pour retrouver son leadership technologique face à une concurrence féroce sur les marchés des PC IA et des data centers.

Après avoir perdu du terrain face à des concurrents comme TSMC et AMD, sans compter la montée en puissance des processeurs ARM pour PC portables, Intel est sous une pression immense pour livrer ses dernières nouveautés.

La crédibilité de l'entreprise repose désormais sur une seule chose : l'exécution. C'est dans ce contexte tendu que s'inscrit le lancement des architectures Panther Lake et Clearwater Forest, qui ne sont pas de simples mises à jour mais le symbole d'un renouveau stratégique et la démonstration de son expertise dans la gravure ultrafine.

L'atout maître : le procédé de gravure Intel 18A

Au cœur de cette stratégie se trouve le procédé Intel 18A. Présenté comme le nœud de gravure le plus avancé jamais développé et fabriqué aux États-Unis, il est la fondation sur laquelle Intel entend reconstruire sa suprématie. Cette technologie de classe 2 nanomètres introduit deux innovations majeures : les transistors RibbonFET, une nouvelle architecture attendue depuis plus d'une décennie, et PowerVia, un système d'alimentation par l'arrière de la puce.

Ces avancées promettent des gains significatifs, avec une amélioration de 15 % des performances par watt et une densité de transistors accrue de 30 % par rapport au procédé Intel 3.

La production de masse est déjà en cours dans la nouvelle méga-usine Fab 52, en Arizona, un signal fort de l'engagement d'Intel à renforcer le leadership technologique et manufacturier américain.

Panther Lake, le fer de lance pour les PC IA

Le premier produit à bénéficier de cette avancée sera Panther Lake, qui motorisera la future gamme Core Ultra Series 3. Conçu pour les PC IA, les machines de jeu et les solutions edge, ce processeur adopte une architecture "désagrégée", ou multi-tile.

Seule la "tuile" de calcul, qui abrite les cœurs de processeur et le NPU, est gravée en Intel 18A, tandis que d'autres composants comme le GPU ou le contrôleur I/O sont fabriqués par des partenaires, y compris TSMC.

Cette conception modulaire offre une flexibilité sans précédent. Intel annonce des performances en hausse de 50 % en multi-thread grâce aux nouveaux cœurs P-Cores "Cougar Cove" et E-Cores "Darkmont".

La partie graphique n'est pas en reste, avec un GPU Intel Arc Xe3 jusqu'à 50 % plus rapide, faisant de Panther Lake une plateforme unifiée qui combine l'efficacité énergétique de Lunar Lake et la puissance brute d'Arrow Lake.

Et pour les data centers ? Voici Clearwater Forest

Sur le front des serveurs, Intel prépare Clearwater Forest, la prochaine génération de processeurs Xeon 6+. Également gravée en 18A, cette puce est optimisée pour l'efficacité et la densité, des critères essentiels pour les data centers des géants du cloud et les opérateurs télécoms.

Plutôt que de viser la performance brute par cœur, Clearwater Forest mise sur le parallélisme massif. Avec jusqu'à 288 cœurs "E-Cores" par socket, il est conçu pour affronter directement les solutions concurrentes comme les processeurs Epyc Bergamo d'AMD ou les puces basées sur l'architecture ARM. Intel promet une hausse de 17 % des instructions par cycle (IPC) et des gains considérables en débit et en efficacité énergétique.

Intel a posé les bases d'un retour au premier plan, avec une vision claire et une feuille de route crédible. Le défi consiste maintenant à transformer cette ambition en silicium, puis en parts de marché.

La concurrence ne reste pas inactive et le moindre dérapage pourrait être coûteux, mais si le procédé 18A tient ses promesses, ce chapitre pourrait bien être celui où la narration du come-back d'Intel rejoint enfin la cadence de sa technologie.