Pour se sortir du guêpier de la concurrence sur les processeurs et du virage manqué vers l'intelligence artificielle, le groupe Intel a misé sur son expertise afin de relancer une activité de fonderie pour des clients externes en plus de ses besoins propres.

Amorcée par l'ex-CEO Pat Gelsinger en même temps qu'une plan de reconquête des technologies de gravure fine après la débâcle du noeud 10 nm, longuement retardé, la stratégie doit lancer la division IFS (Intel Foundry Services) et attirer de gros clients par l'excellence de ses procédés.

Intel a d'abord préparé le procédé Intel 20A (équivalent 2 nm) comme noeud pour finaliser les techniques de production, tout en espérant pouvoir mettre en avant l'évolution Intel 18A (équivalent 1,8 nm).

Retards et difficultés de production

Sur le papier, la firme comptait sur sa rapidité de déploiement de manière à devancer les grands fondeurs en les laissant en arrière. En réalité, le procédé semble patiner, tant dans son calendrier que dans ses rendements, au point que le nouveau CEO Lip-Bu Tan envisagerait déjà une mise en service limitée pour mieux se concentrer sur le noeud suivant Intel 14A (équivalent 1,4 nm).

L'agence Reuters accumule les dépêches sur les déboires d'Intel et note que le temps d'avance de l'entreprise a fondu alors que TSMC comme Samsung vont rapidement lancer leur technique de gravure en 2 nm.

Intel Processeur Arrow Lake Lunar Lake Panther Lake IA

Les rendements, talon d'achille des fondeurs, ne seraient pas à la hauteur...même pour ses propres processeurs mobiles Panther Lake qui doivent être les premiers à profiter de cette technique de gravure.

Selon Reuters, Intel pourrait se trouver en difficulté pour fournir ses futurs processeurs haut de gamme pour PC portables, ce que l'on pouvait déjà plus ou moins déduire en observant le report du calendrier de 2025 à 2026.

Apple, simple diversion ou vrai client ?

Certes, les rendements peuvent s'améliorer au fil des réglages de la production en masse et c'est l'argument d'Intel pour balayer les interrogations. Logiquement, plus les rendements sont élevés et plus la firme s'y retrouve financièrement et, pour des puces comme Panther Lake, il faudrait atteindre 70 à 80% de rendement minimum...et il semble y avoir des doutes sur la capacité à obtenir un tel résultat.

Wafer Intel 18A

Il y a bien la rumeur d'un intérêt d'Apple pour le procédé Intel 18A. La firme de Cupertino pourrait confier une partie de sa production de puces Apple Ax et/ou Apple Mx à Intel dans un effort de diversification de ses sources d'approvisionnement et de relocalisation de sa production sur le sol américain.

Intel a aussi désespérement besoin de gros contrats pour affermir sa division IFS...ce qui ne va pas sans des rendements élevés. Le groupe Intel a-t-il la capacité de briser ce cercle ?

Panther Lake, un destin menacé ?

Reuters ne saurait le dire, ne pouvant estimer les rendements actuels du procédé Intel 18A. L'agence de presse affirme qu'ils n'étaient que de 5% au lancement de la pré-production l'an dernier et qu'ils seraient montés à 10% durant l'été.

Si le directeur financier d'Intel David Zinsner conteste ces chiffres et affirme qu'ils sont plus élevés, tout en ayant encore des marges de manoeuvre. Difficile de savoir si le cap des 50% a été atteint, sans parler des valeurs optimales.

Le sort de Panther Lake dépend donc du succès d'Intel pour améliorer sa production. Mais pour la génération de processeurs Nova Lake qui arrivera ensuite, c'est à TSMC et sa technologie de gravure en 2 nm que sera confiée la production.

Source : Reuters