Le groupe Iridium dévoile une puce inédite qui promet une nouvelle ère de résilience pour les terminaux GPS et GNSS, face à une vague croissante de brouillages et d’attaques par spoofing. 

Les systèmes de positionnement par satellite (GPS et plus largement GNSS) sont devenus invisibles, mais omniprésents dans l’économie connectée. Ils irriguent la navigation aérienne, pilotent les opérations maritimes, alimentent la synchronisation des réseaux et orchestrent le fonctionnement d’innombrables objets intelligents.

Mais leur vulnérabilité aux brouillages (jamming) et aux usurpations de signal (spoofing) s’est accélérée ces dernières années, poussant experts et industries à rechercher activement une solution capable de résister à ces attaques sophistiquées.

Pousser la sécurité GNSS hors des laboratoires

Selon les responsables d’Iridium, la puce ASIC PNT (Positioning, Navigation and Timing) miniature pourrait bien marquer un tournant dans la défense des appareils et réseaux face aux menaces pesant sur les signaux satellitaires.

À peine plus large qu'une pièce d’un centime (8 mm sur 8 mm), ce composant a été pensé pour s’insérer directement dans toute une galaxie de produits : terminaux mobiles, capteurs connectés, infrastructures électriques ou télécommunications critiques.

L’intégration s’annonce particulièrement simple pour les industriels, promettant un accès démocratisé aux capacités de fiabilisation des données de localisation et de temps.

La puce reçoit en temps réel des signaux cryptographiés issus de la constellation Iridium, réputés mille fois plus puissants qu’un signal GPS classique. De quoi maintenir des opérations même à l’intérieur d’un bâtiment ou en cas d’attaque extérieure.

Cette résistance n’est plus l’apanage des seuls systèmes militaires ou gouvernementaux, mais s’ouvre enfin à l’ensemble des acteurs industriels et grand public.

L’économie mondiale dépendante d’un fil… fragile ?

La multiplication récente d’incidents majeurs, comme le brouillage du système de navigation de l’avion de la Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen en septembre, ou la paralysie du trafic maritime au large du Qatar début octobre, met en lumière le coût colossal du moindre dysfonctionnement dans la chaîne GNSS.

Le rapport OPSGROUP publié l’an passé signale une augmentation de 500 % des attaques par spoofing sur les compagnies aériennes, avec en moyenne 1 500 vols commerciaux touchés chaque jour sur la planète.

Pour donner une idée de la fragilité : une seule journée d’interruption GPS sur le territoire américain coûterait l’équivalent de 1,3 milliard de dollars à l’économie. Ce chiffre, calculé à partir des estimations du NIST en 2019 puis ajusté pour l’inflation, permet de mesurer l’urgence à équiper l’écosystème mondial d’une protection fiable et agile.

La puce PNT, soumise à rude épreuve lors d’exercices de confrontation Jammertest, a prouvé sa capacité à maintenir la précision temporelle et la cohérence navigationnelle en environnement hostile. Une prouesse rendue possible par le modèle technique « pole-to-pole » du réseau Iridium.

Vers une nouvelle norme industrielle dès 2026 ?

Cette avancée tombe à pic alors que la demande de PNT alternatif explose. L’ensemble du secteur critique, des réseaux 5G et data centers aux marchés financiers ou aux véhicules autonomes, réclame un filet de sécurité à même d’amortir tout choc technologique ou attaque avancée.

Le marché mondial des solutions PNT alternatives pourrait ainsi dépasser les 3,5 milliards de dollars d’ici 2032, tiré par l’essor de ces applications croisées. Dès la mi-2026, la puce d’Iridium sera accessible commercialement, après une phase d’intégration précoce auprès de partenaires pilotes et de tests grandeur nature.

L’enjeu se situe aussi dans la capacité à transformer cette innovation de rupture en standard incontournable, à l’heure où la connectivité devient synonyme de criticité absolue.

En réconciliant miniaturisation, robustesse et universalité d’accès, Iridium ambitionne donc d’imposer une nouvelle page dans le livre du GPS sécurisé, tout en se préparant à répondre aux défis encore inconnus que réserve le « monde connecté » à venir.