Le milliardaire et astronaute privé Jared Isaacman, lors de sa nouvelle audition de confirmation au Sénat, a lancé un avertissement clair : les États-Unis doivent retourner sur la Lune avant la Chine.
Porteur d'un « message d'urgence », il place la compétition géopolitique au cœur de la future stratégie de la NASA, cherchant à accélérer le programme Artemis.
Un message d'urgence face à la rivalité chinoise
Le décor est planté. Devant la commission du Sénat, Jared Isaacman n'a pas cherché à masquer l'enjeu principal de sa future mission. Il a clairement défini la situation comme une « grande compétition » avec un rival, la Chine, qui possède « la volonté et les moyens de défier l'exceptionnalisme américain ».
Pour lui, l'espace est devenu le nouveau « terrain élevé » où se jouera l'équilibre des pouvoirs. L'objectif chinois d'envoyer des astronautes sur la Lune d'ici 2030 n'est plus un secret. Isaacman a utilisé cette échéance comme un électrochoc.
« Ce n'est pas le moment de retarder, mais d'agir », a-t-il prévenu, ajoutant que « si nous prenons du retard, si nous commettons une erreur, nous pourrions ne jamais nous rattraper ». Les conséquences, selon lui, pourraient « modifier l'équilibre des pouvoirs ici sur Terre ».
Le programme Artemis, pilier de la stratégie américaine
Interrogé sur les moyens de gagner cette nouvelle course spatiale, Isaacman a réaffirmé son soutien à l'architecture actuelle du programme Artemis. Il a confirmé qu'il suivrait les directives du Congrès, qui a alloué près de 10 milliards de dollars pour soutenir des programmes clés comme le Space Launch System (SLS) et la capsule Orion.
La question des atterrisseurs lunaires a également été abordée. Alors que SpaceX a remporté le contrat initial pour Artemis 3, l'administrateur par intérim de la NASA avait annoncé une réouverture de la compétition en raison de retards.
Isaacman voit déjà une compétition de facto entre SpaceX et Blue Origin, qui a depuis soumis une proposition. Il a souligné que la première entreprise capable de livrer un atterrisseur fonctionnel sera celle « avec laquelle la nation ira de l'avant ».
Entre vision personnelle et realpolitik budgétaire
Le nom d'Isaacman reste associé au Project Athena, un document de 62 pages qui a fuité, esquissant une vision pour la NASA plus commerciale et recentrée sur l'exploration lointaine.
Isaacman a défendu ce document comme un projet de travail destiné à être affiné, mais a confirmé qu'il soutenait tout ce qui se trouve dans le document. Cette vision inclut des investissements dans la propulsion nucléaire et une commercialisation accrue des missions en orbite terrestre basse.
Plus prudent sur les questions budgétaires, notamment la proposition de l'administration Trump de réduire de près de 25% le budget global de l'agence pour 2026, Isaacman a botté en touche.
Reconnaissant que « beaucoup de choses ont changé », il a promis de s'attaquer à ce dossier une fois confirmé. Avec un soutien bipartisan affiché au Sénat, sa confirmation avant la fin de l'année semble très probable, ouvrant la voie à une nouvelle ère pour la NASA, résolument tournée vers la compétition lunaire.