La fusion entre TF1 et M6, envisagée depuis le printemps 2021 en vue de créer un nouveau géant français des médias pour mieux lutter contre les géants du Web, a finalement été abandonnée faute de trouver un accord sur les remèdes imposés par les autorités de régulation.

Pour les deux groupes, les exigences étaient trop lourdes et vidaient le projet de son sens et de sa logique économique. Ils ont donc choisi de poursuivre leur route chacun de leur côté.

L'actionnaire principal de M6, l'allemand Bertelsmann, a alors tenté un nouveau test de marché en évoquant la vente du groupe qu'il avait déjà tenté de céder pour 1,5 milliard d'euros.

La proposition était délicate dans la mesure où M6 doit renouveler sa licence de diffusion en mai 2023, ce qui empêchera un changement de mains pour les cinq années qui suivront.

Un calendrier trop resserré

La cession de M6 devait donc se jouer dans cet intervalle dont l'Autorité de la Concurrence comme l'Arcom, régulateur du secteur audiovisuel, ont rapidement signalé qu'il était très court et qu'il serait difficile, au vu du dossier, d'obtenir les approbations dans les temps.

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Cela n'a pas empêché plusieurs capitaines d'industrie de se manifester et de faire des propositions. La presse s'est fait l'écho d'au moins trois repreneurs potentiels : le trio Stéphane Courbit (qui aurait été majoritaire), Rodolphe Saadé et Marc Ladreit de Lacharrière, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et le duo constitué de Xavier Niel (majoritaire) et Silvio Berlusconi.

RTL Group, filiale de Bertelsmann chapeautant le groupe M6, a étudié les offres mais a finalement décidé de renoncer à la cession. Thomas Rabe, PDG de Bertelsmann, évoque dans un communiqué "les risques légaux et les incertitudes" d'un tel projet et préférant finalement maintenir une "stratégie de construire des groupes nationaux de taille suffisante pour concurrencer les plateformes américaines".

Menace sur le Canal 6

Le journal Le Point note que le groupe allemand doit déjà gérer le rachat difficile de l'éditeur Simon & Schuster aux Etats-Unis et ne souhaite pas avoir un autre dossier compliqué à gérer en Europe au regard du délai très court pour le négocier.

Il signale aussi le rôle de Nicolas de Tavernost, président du directoire du groupe M6, dans le maintien au sein de la galaxie Bertelsmann. Outre le calendrier resserré, la crainte est de perdre le canal 6 de diffusion de M6 lors du renouvellement des licences si un concurrent faisait une proposition forte matière culturelle ou éducative.

Ce nouvel enjeu pourrait intéresser les acteurs nommés plus hauts mais aussi l e magnat Patrick Drahi, patron du groupe Altice qui gère aussi SFR. Ce test de marché avorté de M6 aura tout de même permis d'évaluer l'appétence du marché pour le groupe et pourra orienter de futures négociations.

Source : Le Point