Après des mois de négociations, les groupes TF1 et M6 ont finalement abandonné l'idée d'une fusion qui en aurait fait un grand groupe de média capable de mieux rivaliser avec les puissants géants du streaming vidéo sur Internet.

Les réticences de l'Autorité de la concurrence et les remèdes imposés pour éviter de dérégler le marché audiovisuel, qui passaient par une cession des chaînes TF1 ou M6, ont découragé les deux parties qui devront donc envisager leur avenir en solo.

Du côté de M6, l'actionnaire majoritaire, l'allemand Bertelsmann (via RTL Group), a décidé de lancer un nouveau "test de marché" en accueillant les propositions d'éventuels acquéreurs.

Au moins trois prétendants ont fait une offre (un trio mené par Stéphane Courbit, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et le duo Xavier Niel / Silvio Berlusconi) durant le week-end dernier, avec en principe des montants dépassant le milliard d'euros.

Un peu trop vite en besogne ?

Il faut aller vite car le groupe M6 doit renouveler sa licence de diffusion en TNT de sa chaîne principale en mai 2023, après quoi il ne sera plus possible de changer d'actionnaire principal avant cinq ans. Même si RTL Group affirme ne pas être pressé de vendre (si les offres d'achat étaient trop basses, par exemple), cette échéance impose malgré tout un timing resserré.

Et pour Benoît Coeuré, président de l'Autorité de la concurrence, le calendrier de la cession de M6 serait même "très tendu". Auditionné par le Sénat, il a souligné qu'une tentative de rachat de M6 imposera l'étude du dossier sur le sujet de la concurrence et que, sans transmission avant fin octobre, espérer une approbation dans les temps sera compliqué.

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Par ailleurs, étant donné la nature des acquéreurs potentiels, "la logique voudrait que cette opération soit examinée par la Commission européenne", cette dernière pouvant ensuite choisir de renvoyer le dossier vers l'Autorité française. Mais tout ceci prendra du temps.

Benoît Coeuré relève que même si certains acteurs ne possèdent pas de chaînes, le rachat du groupe M6 peut générer des "effets congloméraux" dans d'autres secteurs dont il faudra évaluer les conséquences en amont.

Pas de regrets sur l'abandon de la fusion entre TF1 et M6

Pour la question de l'abandon de la fusion entre TF1 et M6, le président de l'Autorité de la concurence a expliqué les ressources supplémentaires générées par les synergies du rapprochement seraient restées très inférieures à celles des géants du Net tels que Netflix, Disney ou Amazon sur les mêmes marchés, ne permettant pas de constituer une alternative et manquant donc son objectif.

Par ailleurs, les gains de la fusion se seraient faits au détriment des distributeurs et annonceurs de la nouvelle entité, au risque de déstabiliser le marché audiovisuel.

Un avenir en solo est-il plus rose ou ne risque-t-il pas de conduire à un dépérissement des deux groupes ? Benoît Coeuré a une réponse : "je n'ai aucun doute que les deux chaînes se réinventeront pour s'adapter aux défis technologiques".

En attendant, TF1 a d'autres chats à fouetter en ce moment : son différend commercial avec Canal+ ne donne toujours pas de signes d'apaisement après 26 jours d'interruption de la diffusion de ses chaînes gratuites de la TNT qui pèsent toujours plus sur son audience et ses pertes de revenus publicitaires...

Source : AFP