Malgré une embellie des ventes de véhicules électriques en octobre, portée par le leasing social, le marché automobile français reste contracté sur l'année. Cette transition complexe pèse lourdement sur les géants du secteur, à l'image de Volkswagen qui enregistre des pertes inédites, plombé par les coûts de l'électrification et les tensions commerciales.
Le marché automobile français peine à retrouver son dynamisme d'avant-crise. Les chiffres d'octobre 2025, bien qu'en légère hausse de 2,9 % sur un an, masquent une tendance de fond préoccupante : une contraction de 5,4 % sur les dix premiers mois de l'année.
Un climat d'attentisme généralisé chez les consommateurs freine toute reprise durable, loin des volumes de 170 000 immatriculations mensuelles observés avant la pandémie.
Le leasing social, une bouffée d'oxygène en trompe-l'œil ?
La seule véritable éclaircie provient du segment électrique. Stimulées par les aides gouvernementales, notamment le dispositif de leasing social destiné aux ménages modestes, les immatriculations de voitures électriques ont bondi de 63 % en octobre. Elles représentent désormais une part de marché record de 24 % sur le mois.
Cependant, cette performance, bien que notable, ne suffit pas à inverser la tendance globale. Les professionnels du secteur, via la Plateforme automobile (PFA), tempèrent l'enthousiasme, soulignant que ces chiffres restent "loin des objectifs espérés".
La conversion du marché reste principalement tirée par les flottes d'entreprises, tandis que les particuliers, malgré les aides, hésitent encore.
Volkswagen dans la tourmente : le coût de la transition
Pendant que le marché tente de se maintenir à flot, certains géants industriels boivent la tasse. Le groupe Volkswagen vient d'annoncer sa première perte nette depuis 2020, un déficit de 1,07 milliard d'euros au troisième trimestre. Cette contre-performance s'explique par une accumulation de facteurs défavorables.
Le virage vers l'électrique pèse lourdement sur les finances, en particulier chez sa filiale Porsche, qui subit des retards et des coûts de développement élevés pour ses nouveaux modèles.
À cela s'ajoute la faiblesse générale des marges sur les véhicules électriques, dont le coût encore élevé des batteries reste un fardeau majeur pour la rentabilité.
Entre droits de douane et restructuration massive
La situation de Volkswagen est également aggravée par des vents contraires sur la scène internationale. Les droits de douane américains, bien que légèrement réduits, continuent de pénaliser lourdement les exportations des marques rentables comme Audi et Porsche, dont la production est localisée hors des États-Unis. Le directeur financier du groupe estime que l'impact pourrait atteindre 5 milliards d'euros sur l'année.
Face à cette érosion des marges, le constructeur allemand a lancé un plan d'économies drastique de 6 milliards d'euros et prévoit une restructuration historique.
Sa marque VW envisage la suppression de 35 000 emplois en Allemagne d'ici 2030, une mesure sans précédent pour tenter de retrouver la voie de la profitabilité. La crise d'approvisionnement en semi-conducteurs, avec les tensions autour du fabricant Nexperia, ajoute une couche d'incertitude à un tableau déjà sombre, forçant le groupe à naviguer à vue pour les semaines à venir.
L'industrie se retrouve ainsi à la croisée des chemins, prise en étau entre la nécessité d'investir massivement dans une électrification coûteuse et la réalité d'un marché qui ne répond pas aux attentes.
La question demeure : les aides publiques suffiront-elles à soutenir la demande, ou faudra-t-il attendre une baisse significative du coût des technologies pour que la machine reparte durablement ?