Le groupe britannique Massive Attack, pionnier du trip-hop et connu pour ses engagements, a lancé une double offensive qui secoue l'industrie musicale. Dans une déclaration coup de poing, les artistes ont annoncé avoir demandé à leur label, Universal Music Group, de retirer l'intégralité de leur catalogue de la plateforme Spotify au niveau mondial.

Simultanément, ils rejoignent le mouvement "No Music for Genocide" en exigeant le blocage de leur musique sur tous les services de streaming sur le territoire israélien, en protestation contre la guerre à Gaza.

Pourquoi une telle hostilité envers Spotify et son PDG ?

La décision de quitter Spotify est directement liée aux activités extra-musicales de son fondateur et PDG, Daniel Ek. Ce dernier a personnellement investi des centaines de millions d'euros dans Helsing, une start-up allemande spécialisée dans l'intelligence artificielle à des fins militaires, notamment pour des drones de combat. Pour Massive Attack, cette situation crée un "fardeau moral et éthique" insupportable.

Spotify
"L'argent durement gagné des fans et les efforts créatifs des musiciens financent en fin de compte des technologies mortelles et dystopiques", a déclaré le groupe. La défense de Spotify, arguant qu'il s'agit de deux entreprises distinctes, ne semble pas avoir convaincu les artistes, qui ne sont pas les premiers à claquer la porte pour cette raison.

Qu'est-ce que le mouvement "No Music for Genocide" ?

Parallèlement à son combat contre Spotify, Massive Attack a rejoint "No Music for Genocide", un collectif de plus de 400 artistes et labels indépendants. S'inspirant du boycott culturel historique contre l'apartheid en Afrique du Sud, ce mouvement proteste contre la guerre à Gaza en bloquant la diffusion de sa musique en Israël.

Des artistes comme Fontaines D.C. ou Saul Williams font partie de cette initiative qui vise à exercer une pression politique et symbolique sur l'État hébreu. Le manifeste du collectif regrette d'ailleurs que les majors, si promptes à se retirer de la Russie après l'invasion de l'Ukraine, n'aient pas pris de mesures similaires pour la cause palestinienne.

Defense Drone Israel 02

Cette double action peut-elle vraiment changer les choses ?

L'impact de cette décision dépendra en grande partie de la réaction du label Universal Music Group, qui doit légalement valider la demande de retrait. Cependant, la portée symbolique est déjà immense.

Massive Attack utilise sa notoriété pour mettre en lumière une question de plus en plus centrale pour les artistes : la cohérence entre leurs valeurs et les plateformes qui les diffusent. En liant la question de la rémunération, déjà problématique sur Spotify, à celle d'un "fardeau éthique", le groupe pousse l'industrie à s'interroger sur sa responsabilité morale dans un monde en conflit.

Foire Aux Questions (FAQ)

La musique de Massive Attack va-t-elle vraiment disparaître de Spotify ?

La décision finale appartient à leur label, Universal Music Group. Si le label accepte leur demande, leur catalogue sera effectivement retiré de Spotify dans le monde entier. D'autres artistes, comme King Gizzard and the Lizard Wizard, ont déjà réussi à faire retirer leur musique pour les mêmes raisons.

Pourquoi Daniel Ek investit-il dans l'armement ?

Il s'agit d'investissements personnels de Daniel Ek, et non de Spotify en tant qu'entreprise. Il a investi dans la société Helsing, qui développe des logiciels d'intelligence artificielle pour des applications militaires, comme l'analyse de données en temps réel sur le champ de bataille ou le pilotage de drones.

Le boycott culturel est-il une forme d'action efficace ?

L'efficacité du boycott culturel est un débat de longue date. Ses partisans, comme ceux du mouvement "No Music for Genocide", s'inspirent du succès de la campagne contre l'apartheid en Afrique du Sud, qui a contribué à isoler le régime sur la scène internationale. Ses détracteurs estiment qu'il pénalise avant tout le public local et limite les échanges culturels.