Michelin s'associe à Voliris pour créer un dirigeable cargo du futur
Le transport de fret aérien peut-il vraiment se passer de pistes d'atterrissage ?
Michelin Inflatable Solutions et Voliris s'allient pour développer la NATAC, une navette aérienne hybride. Ce projet vise à transporter des containers de 30 tonnes sans émission de CO2 et sans infrastructure lourde, grâce à une aile-enveloppe gonflable innovante exploitant l'expertise du manufacturier en composites polymères pour réinventer la logistique des zones isolées.
Le secteur du transport de marchandises est à la croisée des chemins, tiraillé entre des besoins logistiques croissants et l'impératif de décarbonation. Dans ce contexte, les solutions de rupture peinent à émerger, notamment pour le transport de charges lourdes vers des zones sous-équipées.
C'est précisément sur ce créneau que Voliris, un acteur spécialisé, développe depuis 2003 un projet ambitieux qui veut apporter une solution concrète à ces problématiques.
Un partenariat stratégique pour une technologie de pointe
Pour franchir une étape décisive, l'entreprise s'est tournée vers un géant industriel : Michelin. Via sa filiale Michelin Inflatable Solutions, le manufacturier clermontois apporte son savoir-faire unique en matière de matériaux composites et de techniques d'assemblage.
L'objectif est de concevoir l'élément le plus complexe de l'aéronef NATAC : son "Aile-enveloppe", une structure souple soumise à des contraintes techniques majeures.
NATAC : un aéronef hybride aux caractéristiques uniques
La Navette Aérienne de Transport Automatique de Containers, ou NATAC, n'est ni un avion-cargo ni tout à fait un dirigeable. Cet aéronef hybride, plus léger que l'air, est conçu pour transporter jusqu'à 30 tonnes de fret.
Sa principale innovation réside dans sa capacité à opérer sans piste en dur et sans avoir besoin de lâcher du lest au moment de déposer sa charge, un défi technique majeur qui a longtemps freiné les projets similaires.
Un défi technique colossal et un horizon vert
L'enveloppe de 25 000 m³, segmentée en cinq lobes, concentre tous les défis. Elle doit être parfaitement étanche à l'hélium (et à terme à l'hydrogène), résister à d'immenses contraintes mécaniques et, surtout, être pliable sans dégradation.
La NATAC est en effet conçue pour être livrée en 10 containers standards et assemblée directement sur son site de départ, une contrainte logistique de taille. À terme, l'appareil vise une exploitation 100 % compatible à l'hydrogène, qui servira à la fois de gaz porteur et de carburant, ouvrant la voie à un transport de fret à zéro émission de CO2.
Voliris et Michelin prévoient de fabriquer un premier démonstrateur à échelle réelle d'ici 2028 pour les tests au sol. Après les succès des essais en vol d'un prototype au 1/7e, ce prochain jalon sera décisif pour valider la viabilité de cette vision futuriste du transport et confirmer que ce projet n'est pas qu'un simple feu de paille technologique.