Mustafa Suleyman, patron de l'IA chez Microsoft, qualifie de "cyniques" les critiques sur l'intelligence artificielle, jugeant leur manque d'enthousiasme "hallucinant".
Cette sortie intervient alors que les utilisateurs reprochent à la firme d'imposer des fonctionnalités comme Copilot dans Windows, au détriment de la stabilité et du choix de l'utilisateur.
Le point de départ de la controverse remonte à une déclaration de Pavan Davuluri, le président de la division Windows. Il a récemment affirmé que Windows évoluait pour devenir un système d'exploitation agentique, profondément connecté au cloud et à l'intelligence artificielle.
Cette annonce, loin de susciter l'adhésion, a provoqué une levée de boucliers sur les réseaux sociaux. De nombreux utilisateurs ont reproché à la société de se focaliser sur des outils IA que peu réclament, tout en négligeant la correction de problèmes fondamentaux de son système d'exploitation.
Une sortie jugée déconnectée de la réalité utilisateur
C'est dans ce climat tendu que Mustafa Suleyman, le PDG de Microsoft AI, a pris la parole sur le réseau social X. Dans un message teinté d'agacement, il s'est dit stupéfait par le scepticisme ambiant.
"Ça me fait rire quand j'entends les gens dire que l'IA est décevante", a-t-il lancé, qualifiant les détracteurs de "cyniques". Pour appuyer son propos, il a rappelé avoir grandi en jouant à Snake sur un téléphone Nokia, soulignant le bond technologique spectaculaire que représentent les conversations fluides avec une IA capable de générer n'importe quelle image ou vidéo. Le fait que cela n'impressionne pas le public lui semble "hallucinant".
L'IA, une prouesse technique qui cache des problèmes de fond
Pourtant, la réaction des utilisateurs montre que le point de friction n'est pas tant la prouesse technologique que son application. Pour beaucoup, le problème avec l'IA n'est pas son potentiel, mais la longue liste de conséquences négatives qui l'accompagnent.
La pierre d'achoppement principale est le sentiment que ces systèmes sont intégrés de force dans chaque aspect de notre vie numérique, qu'ils soient pertinents ou non.
Les critiques formulées sont précises et variées. Elles vont de la consommation excessive de ressources et d'énergie, à l'augmentation des factures d'électricité et à la multiplication des centres de données.
S'y ajoutent des craintes plus profondes concernant la disparition massive de catégories d'emplois, les risques économiques liés à une potentielle bulle spéculative, et les inquiétudes sur la protection de la vie privée face à des outils comme Copilot, dont le taux de précision est parfois jugé insuffisant.
Entre vision stratégique et surdité aux critiques
La réaction de Mustafa Suleyman s'explique en partie par les enjeux financiers colossaux. Microsoft a investi des dizaines de milliards de dollars dans l'intelligence artificielle et compte bien rentabiliser cette mise.
La défense acharnée de cette technologie par ses dirigeants est donc logique d'un point de vue stratégique. Cependant, cette posture renforce la perception d'une entreprise déconnectée, qui semble vouloir imposer sa vision plutôt que de répondre aux attentes de ses clients.
Avec une réputation de Windows déjà mise à mal par de nombreux bugs et des choix d'interface contestés, cet "obsession" pour l'IA paraît malvenue aux yeux de beaucoup.
Alors que la firme de Redmond a confirmé l'arrivée prochaine de fonctionnalités "agentiques" dans les versions de test de son OS, le fossé semble se creuser. La question reste entière : Microsoft saura-t-il lâcher du lest et écouter sa communauté, ou poursuivra-t-il sa trajectoire vers un avenir tout-IA, au risque de s'aliéner une part croissante de ses utilisateurs ?