Partie début mai, la nouvelle mission chinoise Chang'e-6 avait un objectif jamais réalisé jusqu'à présent : récolter des échantillons après s'être posée sur la face cachée de la Lune et les ramener sur Terre.

Au-delà de la dimension scientifique unique représentée par cette collecte et les mesures de différents instruments scientifiques, la mission a représenté également une performance technique.

Un rover chinois avait déjà évolué sur la face cachée de la Lune il y a quelques années mais il a fallu ici se poser, réaliser la récupération des échantillons, redécoller pour rejoindre le véhicule de retour en orbite et faire le chemin vers la Terre, avant la dernière phase de l'entrée dans l'atmosphère.

Retour imminent de Chang'e-6

Chang'e-6 arrive aux dernières étapes de ce programme. La jonction avec le véhicule de retour s'est bien réalisée début juin et l'ensemble s'est progressivement rapproché de la Terre ces derniers jours en vue d'un atterrissage prévu ce 25 juin 2024 au matin.

L'agence spatiale chinoise (CNSA) n'a donné aucune information sur le déroulement de la mission depuis son départ de la Lune mais divers observateurs internationaux suivent avec attention le retour de la sonde chinoise et confirment son arrivée imminente.

Chang e 6 alunissage

La satellite-relais Queqiao-2 a rempli sa mission de transfert des communications entre la face cachée de la Lune et la Terre, permettant d'enchaîner les opérations de valider les étapes de la mission.

En attendant de pouvoir éventuellement mettre la main sur les échantillons de sol lunaire, des données scientifiques ont pu être récupérées, notamment en provenance de l'instrument NILS fourni par l'ESA qui a confirmé la présence d'ions négatifs à proximité de la surface lunaire, ce qui n'avait jamais été formellement démontré.

Un peu plus que l'amour de la science

Si la mission Chang'e-6 arrive correctement à son terme, elle donnera à la Chine une grande première mondiale dans un domaine spatial devenu très stratégique. Et il ne faudra pas longtemps avant que le pays ne se dirige à nouveau vers la Lune avec une mission Chang'e-7 déjà prévue pour 2026 suivie d'une mission Chang'e-8 en 2028 qui teste des techniques d'utilisation des ressources sur place.

A plus long terme, la Chine envisage de poser les premiers astronautes chinois sur le sol lunaire et elle prépare l'établissement d'une colonie ILRS (International Lunar Research Station) en collaboration avec plusieurs pays au début des années 2030.

Cette passion pour la Lune n'est pas sans arrière-pensées économiques et stratégiques. La NASA a plusieurs fois fait part de sa crainte de voir la Chine s'accaparer des territoires sur la Lune en les occupant rapidement, étape préalable à leur revendication.

Source : Spacenews