Lorsque des données sont envoyées dans le cloud, elles atterissent sur des serveurs dédiés un peu partout dans le monde mais souvent aux Etats-Unis. Rien n'empêche alors de penser que ces données peuvent être récupérées par des oreilles ou des yeux indiscrets ni que l'infrastructure pourrait être mise à mal ou rendue inacessible en cas de conflit.
Les entreprises peuvent donc se retrouver à la merci d'intérêts extérieurs avec des conséquences graves lorsqu'elles ont des activités stratégiques ou très concurrentielles. Le projet Andromède voulu par l'Etat français en 2012 avait donc pour objet de mettre en place un cloud souverain, avec une infrastructure de datacenters installés sur le territoire français ou en Europe et la création d'acteurs nationaux pour la superviser.
De cette initiative sont nées deux entreprises, Cloudwatt soutenue par Orange et Numergy pilotée par SFR, et avec le soutien financier de la Caisse des Dépôts, offrant chacune des prestations comparables pour aider les entreprises à exploiter le cloud.
Depuis, les efforts en faveur du cloud souverain se sont étiolés au fil des ans et les promesses de croissance rapide du chiffre d'affaires des deux entreprises ne se sont pas concrétisées et les opérateurs impliqués récupèrent peu à peu ce qu'ils peuvent de cette initiative.
Après Cloudwatt récupéré par Orange en mars 2015, c'est maintenant SFR qui annonce sa volonté de prendre le contrôle de Numergy en rachetant les 33% de participation de la Caisse des Dépôts et les 20% d'Atos.
Les capacités de Numergy viendront renforcer celles des services cloud de SFR pour les entreprises, et l'opérateur y voit une "opportunité pour accélérer le déploiement du cloud en France et en Europe" avec des opportunités vers les services managés et l'Internet des Objets.
A l'idée du cloud souverain qui se voulait rassembleur se substitue donc le retour à des offres de marché entre opérateurs et selon des logiques purement commerciales.