Pékin semble avoir trouvé une nouvelle arme dans la rivalité technologique qui l’oppose à Washington : le boycott tacite. Selon plusieurs sources proches du dossier, les autorités chinoises auraient discrètement incité des entreprises majeures comme Alibaba et ByteDance à limiter leurs acquisitions de puces Nvidia.
Cette décision n’intervient pas dans le vide : elle fait suite à des propos jugés offensants par Pékin, tenus par Howard Lutnick, le secrétaire au commerce américain, et perçus comme représentatifs de l’arrogance américaine dans la course à l’intelligence artificielle.
La déclaration choc qui a mis le feu aux poudres
L’affaire trouve son origine dans les mots d’Howard Lutnick. Le financier a qualifié la stratégie chinoise autour des semi-conducteurs de retardataire et insinué que Pékin dépendait entièrement de la technologie américaine pour développer son intelligence artificielle.
Ces propos ont rapidement circulé et ont été associés à la politique plus générale de restriction initiée par Washington. Pékin les a perçus comme une atteinte directe à sa souveraineté technologique. Un responsable chinois a résumé l’affaire en une phrase devenue virale : « Nous ne leur vendons pas nos meilleurs produits, pourquoi devrions-nous continuer à acheter les leurs ? »
La réponse de Pékin : presser les champions nationaux
Dans la foulée, plusieurs régulateurs chinois auraient transmis aux grandes entreprises locales un message clair : limiter l’achat de puces Nvidia. Les cibles de ce signal incluent Alibaba, Baidu, Tencent et ByteDance.
Derrière cette mesure, il ne s’agit pas seulement de rétorsion politique. Pékin cherche à renforcer la demande pour des alternatives locales, comme les processeurs développés par Huawei et d’autres acteurs de la région.
Si ces solutions ne sont pas encore à la hauteur des produits Nvidia, la pression interne vise à accélérer leur adoption. Cette évolution pourrait petit à petit transformer le marché asiatique en un bloc technologique plus autonome.
Nvidia au centre d’une bataille géopolitique
Les réactions chinoises interviennent alors que Nvidia occupe une position quasi monopolistique sur le segment des GPU haut de gamme pour l’intelligence artificielle.
Ses accélérateurs IA sont devenues des outils incontournables pour entraîner les modèles d’IA de dernière génération. Or, la Maison Blanche a déjà imposé des restrictions sur l’exportation de ces produits vers la Chine, considérée comme rivale stratégique des États-Unis.
La réaction de Pékin est donc aussi un moyen de démontrer qu’elle n’est pas dépourvue de leviers de pression. Elle s’intègre à une lutte plus large, où les semi-conducteurs sont désormais vus autant comme ressources économiques que comme armes diplomatiques.
Les répercussions possibles sur l’écosystème mondial
La décision chinoise pourrait avoir plusieurs conséquences. D’abord, Nvidia risque de voir reculer une part de son chiffre d’affaires dans l’un de ses plus importants marchés étrangers.
Ensuite, elle pourrait accélérer le développement de filières concurrentes en Asie, réduisant à terme la dépendance de la Chine à la technologie américaine. Enfin, pour les observateurs internationaux, cette affaire montre que les tensions ne se limitent plus aux échanges de taxes ou aux barrières douanières : elles touchent au cœur même de la transition numérique mondiale.
Un avenir incertain pour les relations sino-américaines
La crise actuelle illustre combien les semi-conducteurs sont devenus des enjeux de puissance. Pékin ne se contente pas de réagir par des mots, elle agit sur le terrain économique en jouant sur les exportations de terres rares et en répondant aux manoeuvres économiques américaines.
Washington, de son côté, reste engagé dans une politique de contrôle des exportations, refusant à la Chine l’accès aux produits les plus avancés. Si cette confrontation se poursuit, elle risque de fragmenter durablement le marché mondial et de forcer les entreprises à choisir leur camp.
Pour l’instant, la question demeure : la Chine peut-elle réellement se passer des puces Nvidia, ou s’agit-il avant tout d’un signal politique destiné à apaiser l’opinion publique et à motiver les industriels locaux ?