Face aux craintes d'une bulle spéculative, le PDG de Nvidia, Jensen Huang, a réaffirmé sa confiance lors de la présentation de résultats financiers exceptionnels.

Avec des revenus trimestriels de 57 milliards de dollars, il détaille une vision en trois vagues technologiques qui justifie les investissements massifs et positionne l'entreprise comme le pilier de la prochaine ère informatique.

Le contexte était devenu tendu. Ces dernières semaines, un vent d'inquiétude soufflait sur Wall Street, alimenté par le débat sur une possible bulle de l'intelligence artificielle.

Les investissements colossaux dans les infrastructures, notamment les centres de données, ont fait naître des doutes quant à leur rentabilité à long terme. Cette nervosité a pénalisé le cours de Nvidia, qui a chuté de près de 8 % en novembre, entraînant dans son sillage d'autres acteurs clés comme CoreWeave ou Oracle.

Une réponse chiffrée à l'anxiété des marchés

La réponse de Nvidia a été cinglante. Lors de la présentation de ses résultats du troisième trimestre, l'entreprise a largement dépassé les attentes des analystes. Elle a annoncé un chiffre d'affaires record de 57 milliards de dollars, soit une augmentation de 62 % sur un an et de 22 % par rapport au trimestre précédent. Le segment des centres de données, véritable moteur de cette croissance, a lui seul généré 51,2 milliards de dollars.

Nvidia Vera Rubin superchip

Face à ces chiffres, le PDG Jensen Huang a directement abordé le sujet qui préoccupait les investisseurs. "On a beaucoup parlé d'une bulle de l'IA", a-t-il déclaré. "De notre point de vue, nous voyons quelque chose de très différent."

Pour appuyer son propos, l'entreprise a même revu ses prévisions à la hausse pour le quatrième trimestre, tablant sur 65 milliards de dollars de revenus et calmant, au moins temporairement, les angoisses du marché.

Les trois vagues qui justifient l'avenir

Pour lui, le débat sur la bulle de l'IA passe à côté de l'essentiel : une triple transformation fondamentale du secteur informatique. Il a articulé sa vision autour de trois grandes transitions technologiques simultanées, un phénomène qu'il estime inédit depuis l'avènement de la loi de Moore.

Nvidia Blackwell TSMC USA Arizona

La première vague est la transition du calcul généraliste, dominé par les processeurs (CPU), vers le calcul accéléré, porté par les GPU de Nvidia. La seconde est l'essor de l'IA générative, qui supplante les anciens modèles d'apprentissage automatique dans des domaines comme la recommandation de contenu, la publicité ou la recherche.

Enfin, la troisième vague, la plus novatrice, est celle de l'IA agentique. Ces systèmes autonomes capables de raisonner et de planifier, comme ceux développés par OpenAI, Anthropic ou xAI, exigeront une puissance de calcul encore plus massive.

Une stratégie d'écosystème bien huilée

Cette vision ne repose pas uniquement sur la vente de puces, mais sur une intégration profonde au sein de l'écosystème qui a besoin de cette puissance de calcul.

Jensen Huang a rappelé que tous les grands fournisseurs de cloud, de Microsoft à Amazon en passant par Google et Oracle, sont des clients majeurs. Il en va de même pour la quasi-totalité des développeurs de modèles d'IA, de Meta à OpenAI.

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Nvidia ne se contente pas de vendre ; l'entreprise investit stratégiquement dans des partenaires clés comme CoreWeave ou Anthropic, consolidant ainsi son rôle central.

Cette position unique lui offre une visibilité sans équivalent sur les besoins réels du marché, loin de la "vision simpliste" des dépenses d'investissement que certains critiques mettent en avant.

Avec des prévisions jugées "follement bonnes" par son propre dirigeant pour le prochain trimestre et un carnet de commandes qui s'étend jusqu'en 2026, Nvidia ne se voit pas au sommet d'une bulle.

L'entreprise se considère plutôt comme le principal architecte des fondations d'une nouvelle ère informatique dont la construction ne fait que commencer.