La demande explosive pour les modèles d'intelligence artificielle, ChatGPT en tête, pousse les géants de la tech à multiplier les investissements dans les infrastructures.
OpenAI, au cœur de cette dynamique, anticipe des besoins colossaux et cherche désormais activement le soutien de Washington pour sécuriser sa croissance.
La firme a des engagements de dépenses en ressources de calcul s'élevant à 1.4 trillion de dollars sur les huit prochaines années.
La demande officielle d'OpenAI
Le débat a été relancé par Sam Altman, le PDG d'OpenAI, qui a publiquement réitéré ce vendredi la nécessité pour les États-Unis d'élargir les critères d'éligibilité d'un crédit d'impôt majeur issu du Chips Act.
Cette loi, initialement conçue pour relocaliser la production de semi-conducteurs sur le sol américain, est désormais dans le viseur de l'entreprise pour des applications bien plus larges.
Le cœur de la requête repose sur une lettre envoyée dès le 27 octobre par Chris Lehane, le directeur des affaires mondiales d'OpenAI, à Michael Kratsios, le directeur du bureau de la politique scientifique et technologique de la Maison Blanche. Le document, qui a attiré l'attention des médias cette semaine, est très clair dans ses intentions.
OpenAI demande spécifiquement que l'Advanced Manufacturing Investment Credit (AMIC), un crédit d'impôt de 35% inclus dans le Chips Act, soit étendu au-delà des seules usines de puces.
La société souhaite qu'il couvre la production de serveurs IA, la construction de centres de données dédiés à l'IA, et même les composants critiques du réseau électrique, comme les transformateurs et l'acier spécialisé nécessaire à leur fabrication.
Déminer le terrain des "garanties d'État"
Cette offensive diplomatique intervient dans un contexte tendu, où les dirigeants d'OpenAI doivent jouer les équilibristes. La semaine a été marquée par des clarifications successives pour éviter l'image d'une entreprise réclamant un "renflouement" public.
Sarah Friar, la directrice financière, a dû corriger ses propos après avoir utilisé le terme "backstop" (filet de sécurité) lors d'un événement, précisant qu'OpenAI ne cherchait pas de garantie gouvernementale pour ses engagements d'infrastructure.
Sam Altman lui-même a dû intervenir pour clarifier la position de l'entreprise. S'il a confirmé des discussions passées sur d'éventuelles garanties de prêt fédérales, c'était, selon lui, uniquement pour soutenir la construction d'usines de semi-conducteurs (les "fabs") aux États-Unis, et non pour les centres de données d'OpenAI.
Altman insiste sur une distinction cruciale : élargir un crédit d'impôt existant pour stimuler l'industrialisation américaine est "très différent" de demander des garanties de prêt directes.
Il soutient qu'une "ré-industrialisation américaine sur l'ensemble de la chaîne", des usines aux turbines en passant par l'acier, bénéficierait à toute l'industrie.
Accélérer le déploiement à tout prix
L'argumentaire d'OpenAI, tel que détaillé dans la lettre de Chris Lehane, est simple : l'élargissement de l'AMIC permettrait d'abaisser le coût effectif du capital. Cela réduirait les risques liés aux investissements précoces et massifs, débloquant ainsi les capitaux privés nécessaires pour "soulager les goulots d'étranglement et accélérer la construction de l'IA aux États-Unis".
La vision d'OpenAI va même au-delà des incitations fiscales. La lettre appelle également le gouvernement à accélérer les processus d'autorisation et d'examen environnemental pour ces projets d'infrastructure critiques.
Enfin, l'entreprise suggère la création d'une réserve stratégique de matières premières essentielles, telles que le cuivre, l'aluminium et les minéraux de terres rares transformés, tous indispensables à la construction rapide de cette nouvelle épine dorsale technologique.
La réponse de Washington, par la voix de David Sacks, l'influent conseiller sur l'IA de la Maison Blanche, a cependant été prudente, rappelant qu'il n'y aurait "pas de renflouement fédéral pour l'IA".
Au coeur de ces échanges d'arguments, il y a toujours la crainte des effets d'une bulle spéculative autour de l'IA et les incertitudes sur le modèle économique d'OpenAI, l'entreprise perdant toujours énormément d'argent pour rester en tête de la course à l'intelligence artificielle.