Oxmiq Labs, la nouvelle startup dirigée par l’architecte GPU Raja Koduri (ancien d'AMD et plus récemment d'Intel pour l'architecture GPU Intel Xe), fait sensation en dévoilant une solution innovante basée sur l'architecture open source RISC-V et promettant de bouleverser la domination de Nvidia sur le marché des GPU et de l’intelligence artificielle

Nouveau modèle de propriété intellectuelle, compatibilité revendiquée avec les charges CUDA en Python, levée de fonds impressionnante : ce projet attire l’attention des géants du secteur. 

Depuis sa sortie de l’ombre à l’été 2025, Oxmiq Labs attire les regards de tout le secteur technologique. Son approche s’appuie sur deux piliers : un cœur GPU repensé, le OxCore, et une plateforme logicielle maison visant justement à simplifier la vie des développeurs et ouvreurs de marchés.

Soutenue par un fonds de 20 millions de dollars réunissant, entre autres, le géant MediaTek, Oxmiq Labs bouleverse les certitudes et enraye le classique schéma du GPU ultra-propriétaire.

Sous l’impulsion de Raja Koduri, la société se pose une question simple : peut-on rendre les applications IA plus universelles, flexibles et rentables, sans subir la mainmise des leaders historiques comme Nvidia ?

Un cœur GPU modulaire, bâti sur RISC-V, pour la polyvalence et l’innovation

À la différence d’une puce dédiée, l’architecture d’Oxmiq repose sur RISC-V, un standard ouvert qui gagne rapidement en popularité. Son OxCore — élément central du dispositif — intègre dès sa conception des moteurs pour le calcul scalaire, vectoriel et tensoriel, adaptables à divers volumes de données et types de traitements.

OxMiq Labs GPU RISC-V OxCore OxQuilt

Cette flexibilité découle d’une approche modulaire : grâce à l’outil OxQuilt et à son schéma de chiplets, les entreprises clientes peuvent assembler leur propre puce sur mesure, selon qu’elles ciblent l’edge computing, l’apprentissage profond ou le datacenter.

Faire tourner le CUDA Python… sans Nvidia : OXPython à la manœuvre

La force de cette initiative vient aussi du côté logiciel, avec OxPython. Cette couche de compatibilité traduit nativement les codes Python utilisant CUDA pour les exécuter sur d’autres matériels, sans recompilation ni adaptation.

OxMiq Labs couche logicielle OxCapsule OxPython

Pour une entreprise jusqu’ici dépendante des GPU Nvidia, ce pont représente une promesse d’économies et d’agilité. Les premiers partenaires tels que Tenstorrent testeront le dispositif sur leurs propres accélérateurs, bien avant qu’Oxmiq ne propose son propre silicium.

Un positionnement audacieux, pas orienté grand public

Contrairement à un AMD ou Nvidia, Oxmiq Labs ne vise pas le segment de la carte graphique gaming. Sa propriété intellectuelle s’adresse aux industriels, aux acteurs du cloud et aux créateurs de solutions IA qui souhaitent réduire leurs dépendances et leurs coûts.

L’entreprise ne fournit pas tous les blocs nécessaires à une solution « full GPU » prête à l’emploi : pas de ray tracing, de pipelines vidéo ou de sorties HDMI/DisplayPort clef en main, laissant la porte ouverte à la personnalisation par chaque intégrateur.

Ce choix, selon Raja Koduri, favorise une stratégie « asset-light », c’est-à-dire focalisée sur la licence logicielle et la réutilisation d’IP pour minimiser les coûts fixes, accélérer la R&D et offrir une alternative crédible face à la croissance explosive de l’IA.

Nouveaux modèles économiques et perspectives globales

Au-delà des technologies, Oxmiq Labs propose un nouveau modèle de diffusion de la puissance de calcul basé sur la licence IP, selon une logique SaaS (Software as a Service).

Ce choix permettrait, selon plusieurs analystes, de réduire jusqu’à 90 % les frais de R&D liés à la conception de circuits spécialisés, rendant plus accessible l’entrée sur le marché, notamment dans les pays émergents.

Le soutien de MediaTek comme investisseur pourrait ouvrir à Oxmiq Labs de nombreux marchés, de la téléphonie aux véhicules autonomes. L’approche « Software First », confirme la volonté de s’aligner sur les nouveaux défis mondiaux de la démocratisation de l’IA.

Il reste à voir si ce pas de côté par rapport aux grandes solutions propriétaires résistera dans le temps. RISC-V suscite beaucoup d'intérêt, notamment pour sortir du giron de Nvidia, mais son écosystème demande encore à être consolidé.

Néanmoins, l'architecture offre une grande souplesse et une capacité à s'adapter à des besoins très divers et ciblés, portée par la nature open source du projet et la possibilité de s'adapter à des matériels hétérogènes. Le nouveau bébé de Raja Koduri saura-t-il trouver la bonne formule ?