Depuis 2019, les restrictions commerciales américaines se sont multipliées contre la Chine pour freiner son rattrapage technologique et l'éviter d'utiliser des technologies américaines dans des applications militaires ou de surveillance de masse.

La production tout comme l'accès aux puces en gravure fine sont compromis et il faudra des années pour combler le retard actuel, à défaut de mettre la main sur les équipements les plus récents ou de pouvoir en fabriquer l'équivalent.

De même, l'utilisation des architectures x86 et ARM est compliquée, en terme d'accessibilités comme de risques pour sa sécurité nationale. De la même manière que les Etats-Unis ont écarté les fournisseurs chinois, les autorités chinoises se méfient des produits occidentaux à mesure que les tensions grandissent entre les deux blocs.

RISC-V, l'étoile montante

Depuis la montée des tensions géopolitiques, la Chine cherche donc à s'émanciper des technologies venues de l'Occident et cherche ses propres alternatives ou bien des solutions plus facilement contrôlables que les systèmes propriétaires.

D'où un intérêt de plus en plus marqué pour une architecture prometteuse mais encore immature et qui le mérite d'être open source : RISC-V. Depuis les restrictions mises en place par les USA, les entreprises chinoises ont jeté leur dévolu sur cette architecture qui pourrait se révéler à terme aussi capable que les autres.

La Chine a multiplié ces dernières années les projets RISC-V pour concevoir des CPU, des GPU et des contrôleurs capables de remplacer les solutions x86 et ARM...au point de commencer à inquiéter les autorités américaines qui commencent à se demander s'il ne faudrait pas là aussi intervenir.

RISC V logo

Ce ne sera pas simple, la RISC-V Foundation étant établie en Suisse justement pour être à l'abri des pressions gouvernementales, mais cela n'arrêtera peut-être pas un Donald Trump prêt à renverser toutes les alliances établies.

Ce qui se prépare pourrait leur donner des raisons de s'inquiéter. L'agence Reuters affirme que la Chine se prépare à lancer une initiative nationale pour encourager les développements de puces RISC-V afin de pouvoir se passer des solutions occidentales.

Elle pourrait être officialisée dans le courant du mois et serait soutenue par plusieurs agences gouvernementales chinoises, du ministère de l'industrie à celui des sciences, ce qui lui donnera un poids certain.

Adaptation et flexibilité

Différentes entreprises et instituts de recherche chinois sont déjà largement engagés dans les travaux de conception de puces RISC-V et le cadre cherchera sans doute à harmoniser les efforts et à inciter les entreprises à privilégier cette architecture.

Comme dans d'autres domaines, l'irruption de solutions IA chinoises comme DeepSeek, capables de tourner avec des puces moins puissantes que les grands modèles IA occidentaux, pourrait accélérer l'adoption de l'architecture RISC-V.

OpenFive RISC

SiFive, l'un des concepteurs de puces RISC-V

Cette question du coût est l'une des échappatoires qui permettrait malgré les sanctions de rivaliser avec les puissances de calcul occidentales. Reuters cite un équipementier qui relève que même si un composant RISC-V ne fournissait que 30% de la puissance de calcul d'un composant Nvidia, en acheter trois pour atteindre le même niveau de performance reviendrait toujours moins cher que d'acquérir la puce occidentale...et sans les contraintes associées (propriété intellecturelle, bridage de fonctionnalités...).

Entre des coûts de puces moins élevés (même s'il en faudrait beaucoup plus pour la même capacité de traitement) et des intelligences artificielles opérant à des coûts plus bas, les modèles d'IA chinois pourrait échapper à l'emprise de la stratégie IA américaine.

Ce n'est bien sûr pas le seul élément qui assurera le succès de RISC-V mais l'architecture est aussi appréciée pour sa souplesse d'utilisation et son adaptabilité. L'un dans l'autre, la Chine peut trouver au moins une échappatoire au piège des restrictions qui prétendent limiter ses capacités technologiques.

Source : Reuters